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Les personnages sont arrivés comme s’ils continuaient, bien sapés, leur chemin de randonnée : sac à dos, doudoune argentée, casquette, Vans aux pieds. Aux premières notes spatiales et aquatiques du duo lillois Puce Moment, les quatre voyageurs d’Heliosfera posent dans l’espace corps et affaires. Au-dessus de leurs têtes, leur ciel – mélange de fumée blanche, de faisceaux de lumière orange, grise, bleu – s’annonce orageux. Belle et menaçante, l’image révèle beaucoup du parti pris de la chorégraphe Vania Vaneau : la lumière dont il sera question ici, bien que recomposée par les artifices du théâtre, n’est pas strictement celle produite par notre espèce.

 

Pourtant, l’espace d’une scène, l’humain apparaît : dans l’obscurité quasi-totale des mains rouges soudain s’éclairent. Ce même rouge qu’on a chacun expérimenté en mettant nos doigts d’enfants contre une source lumineuse. Puis il y a ce tableau dans lequel les interprètes jettent par poignées des petits cailloux phosphorescents. Un mélange de gestes de semeuses ou de petits poucets, transformant l’espace en voie-lactée. Le macro appelle alors le micro : les interprètes ont agencé au centre de la scène un monde bioluminescent de tissus aux apparences de coraux, d’éponges, de pierres ou peut-être d’algues – ou de champignons ? Quand des loupiotes fluos s’activent sous l’effet des manipulations, le plateau n’est plus un paysage à admirer mais un microcosme qui naît, vit, se photosynthèse et meurt.

 

Heliosfera – du nom du dieu grec du soleil et du héros plancton d’un roman de Wilfried N’Sondé – peut paraître éparpillé parmi ses trouvailles lumineuses. Mais le coup est réussi : les lumières de plateau décrochent ici un rôle inédit. Écrite par Abigail Fowler qui signe ici sa troisième collaboration avec la chorégraphe, la lumière, au-delà d’être la matière ressource du spectacle, accède au statut de danseuse ou danseur à part entière. Elle n’est plus cet outil mettant simplement en valeur les présences humaines sur scène. Cette fois-ci elle fait équipe, agit avec et sur elles. Les images accrochées à nos rétines en fin de spectacle sont moins celles de mouvements de danse que celles émises par cette force éclairante - rayon vert, diffractions dans la transparence d’un cristal, éclaircies, noir total et bien d’autres. Il en résulte la sensation d’une posture en retrait des quatre corps humains qui, bien que « techniquement » sous les projecteurs, restent pourtant dans l’ombre.

 

Heliosfera de Vania Vaneau a été présenté du 9 au 12 avril dans le cadre du festival Transforme de la fondation Hermès aux Subs, Lyon 

 

le 25 mai 2024 dans le cadre de June Events à l’Atelier de Paris 

⇢ les 7 et 8 octobre 2024 au Théâtre de la Cité Internationale, Paris

⇢ les 3 et 4 décembre 2024 à l’ICI-CCN, Montpellier

⇢ les 8 et 9 janv 2025 à la Comédie de Clermont

⇢ les 16 et 17 janvier 2025 à Bonlieu, Annecy

⇢ du 21 au 23 mai 2025 au TNB, Rennes

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