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Au moment où disparaît du paysage médiatique la dernière revue hexagonale entièrement vouée à la danse et intitulée Ballroom, alors que l’on pensait que tout avait déjà été fait pour ce qui est de la récupération par le contemporain des danses de société issues de la culture pop, force est de reconnaître que nous n'avions pas encore tout vu. Dans le Ballroom d'Arthur Perole, une fois le spectacle commencé - il tarde un peu à l’être, une séquence de bariolage corporel et de maquillage à vue étant un peu longue - on est pris par la performance physique des six interprètes genrés à part égale et le mouvement perpétuel obtenu d’eux par le chorégraphe Arthur Perole.

Il faut dire que la composition plus électro qu’acoustique de Giani Caserotto calque son tempo sur celui des danses d'Italie du sud la pizzica et la tarentelle, et monte crescendo, puis passe d’un calme solidaire à une frénésie solitaire, du spasme au relâchement, du tressaillement au trémoussement.

Le créateur lumière Anthony Merlaud renouvelle lui le concept de « light show ». Il délimite d’abord, par une vingtaine de projecteurs disposés en douche, un cercle lumineux dans lequel les danseurs évoluent en ronde, puis, suivant la chorégraphie ou l’anticipant, joue avec des effets de clair-obscur pour, dans un finale, surexciter, garçons et filles par des éclats stroboscopiques.

 

Ballroom d'Arthur Perole p. Nina Flore Hernandez

 

Danse en transe

Le magazine Actuel, d'abord consacré au free jazz et aux musiques alternatives, avait dans les années 80 prôné le mélange des genres, de la techno à la trance Goa, et usait du slogan « nouveau et intéressant » comme critères esthétiques misant sur l’avant-garde. Tandis qu’un mouvement artistique contraire, né en Italie et profondément relativiste pour ne pas dire réactionnaire, poussait à la trans-avant-garde. On retrouve cette apparente contradiction dans le Ballroom d’Arthur Perole. Le chorégraphe joue dans un terrain qui n’a plus rien de vague car ayant été balisé par nombre de chorégraphes actuels, d’Alban Richard à Miguel Gutierrez, en passant par Trajal Harrell, Ashley Chen ou Tatiana Julien. De fait, c’est dans la nuance, dans la progression, dans le passage d’un état de corps à l’autre que s’expriment au mieux Arthur Perole et ses interprètes talentueux : Julien Andujar, Séverine Beauvais, Joachim Maudet, Alexandre Da Silva, Lynda Rahal, et en particulier Marion Carriau, étant ici la plus vive, audacieuse et infatigable, une heure durant.

Ce n’est pas un hasard mais le préfixe « trans », substantifié, s’écrit au féminin. Non qu’il faille, s’agissant de spectacle, l’associer aux convulsionnaires des transes collectives de Saint Médard ou d’ailleurs, mais qu’il indique une direction, celle de l’accès du danseur à un état « second ». Un mouvement par lequel la « choré » devient « chorée » ou danse de Saint-Guy, une maladie nerveuse qui se manifeste par des mouvements brusques et désordonnés.

Après l’exutoire, notion qu’a exploré en tous sens Arthur Perole, vient le beau temps, celui du calme apparent. Les corps épuisés ressuscitent comme ceux des zombies, les danseurs s’avancent vers le public de façon menaçante pour terroriser le spectateur crédule assis au premier rang.

 

> Ballroom d'Arthur Perole a été présenté les 6 et 7 novembre à KLAP avec le Zef scène nationale de Marseille ; le 13 novembre à l'Espace des Arts scène nationale de Châlon-sur-Saône dans le cadre du festival Instances ; le 5 décembre au Théâtre, scène nationale de Mâcon ; le 10 décembre aux Théâtres en Dracénie à Draguignan en partenariat avec le Festival de danse Cannes ; du 26 au 29 février à Chaillot Théâtre National de la Danse à Paris ; le 31 mars aux Centres Culturels Municipaux à Limoges

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