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Qu’ils soient sujets de la pièce ou directement acteurs, les animaux sont omniprésents dans vos créations. Comment en êtes-vous venus à intégrer des non-humains dans votre travail ?


Ils sont l’essence même du spectacle. J’ai grandi entourée d’animaux et j’ai toujours ressenti la nécessité de faire tribu avec eux. Ils font partie du monde dans lequel on vit, et donc que l’on doit raconter. Le fait d’être sur scène avec son cheval ou son chien, c’est une porte ouverte à l’inconnu, mais qui impose une rigueur et une constance très importantes. Les animaux participent au processus de recherche, aux pièces et aux tournées au même titre que chaque membre de la compagnie. Prendre soin des animaux, des enfants ou des personnes plus âgées, c’est simplement faire monde.

 

Comment s’organisent la recherche et l’écriture théâtrale avec les animaux ?


Il s’agit de trouver des enjeux qui sont drôles et intéressants pour eux qui ne s’orientent pas vers les mêmes jeux, et n’ont pas le même rapport au contentement que nous. Quand on est dans un travail qui ressemble à de la domestication et qui demande aux animaux de faire un pas vers l’humain, leur donner les moyens de ne pas s’ennuyer est important. Cela suppose qu’ils soient bien dans leur tête et dans leur corps. En retour, cela contribue à renforcer la relation qu’ils ont avec nous. Il faut aussi essayer de trouver à quel endroit symbolique et poétique ils ont quelque chose à apporter à la pièce, en plus de leur personnalité. Finalement, ça ressemble au travail de metteur en scène avec n’importe quel artiste : accepter qu’on ne saisira jamais complètement l’autre et qu’il est donc nécessaire de rester aux aguets en permanence. Cette approche, que les animaux nous imposent, nous oublions trop souvent de l’avoir à l’égard des humains.

 

Dans la présentation du spectacle Mazùt, vous parlez de « l’animal intérieur ». Que désigne cette notion ?


Le projet Mazùt nous a permis de préciser qu’on aimait travailler des situations d’épuisement et d’émotions poussées à l’extrême. Le rapport à l’animalité nous intéresse surtout en tant que recherche d’états, et en ce qu’il nous incite à enlever des couches. Par des rythmes et des jeux de voix que l’on tient très longtemps, on vise à toucher quelque chose de l’ordre de la transe. C’est ce « plus grand que nous en nous » que l’on cherche à convoquer en parlant d’animal intérieur.

 

L’histoire de Baro d’Evel est née dans les chapiteaux et l’itinérance. Pourquoi avez- vous continué à faire vivre cette pratique en parallèle de vos programmations dans des salles de théâtre ?


Les arts forains, les nomades et les troubadours, c’est le monde d’où l’on vient ! On éprouve beaucoup de plaisir dans ce rapport à la rue, à la place publique, au chapeau. Les pièces en chapiteau nous permettent de faire voyager les spectateurs depuis l’entrée en salle jusqu’à la sortie. Ça crée des moments de vie, de troupe et d’utopie. Changer de circuit autant que de forme et de spectateurs est une dynamique qui nous anime profondément. Si nous cherchons à infuser ce côté forain dans les théâtres c'est pour que le spectacle soit toujours quelque chose d’exceptionnel, qui déborde du quotidien. 

 


 

> Mazùt de Baro d’Evel du 5 au 15 octobre au Théâtre de la Cité, Toulouse, avec le théâtre Garonne ; du 4 au 13 novembre à la MC93, Bobigny ; du 25 au 27 novembre au Théâtre 71, Malakoff ; du 9 juin 2023 au 15 juin 2023 au TPM, Montreuil, les 4 et 5 mai 2024 à la Ferme du Buisson, Noisiel


> Falaise de Baro d’Evel, les 8 et 9 octobre à l’Espace des arts, Chalon-sur-Saône ; les 3 et 4 décembre au théâtre de l’Arsenal, Val-de-Reuil, avec le Tangram ; du 16 au 18 décembre au Tandem, Douai ; du 28 février au 4 mars 2023 à la Criée, avec Les Théâtres Marseille 


> de Baro d’Evel, les 1er et 2 novembre à Charleroi Danse ; du 18 au 21 novembre à la MC93, Bobigny ; du 7 et 11 décembre à L’Azimut, Châtenay-Malabry, avec L’Onde de Vélizy-Villacoublay et le Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines

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