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Nous avions eu le privilège de voir cette idée mise à l’œuvre à Madrid, en juillet 2016, au Pabellon Satélite de la Casa de Campo, dans le cadre des Étés de la ville (Veranos de la villa) au cours d’une prestation en seconde partie de soirée dont le film garde trace. La jeune danseuse de flamenco était soutenue par ses fidèles Eduardo Trassierra, à la guitare, José Ángel Carmona, au cante, José Manuel Ramos “Oruco”, au compás, Pablo Martín Jones aux percussions et aux boucles sonores sur ordi, explorant les voies inédites s’offrant à elle. Ses atterrissages brutaux sur les rotules étaient amortis par de seyantes genouillères de joueur de hockey. La question du risque encouru, relatif mais réel, était signifiée par un gilet de torera immaculé aux baroques broderies.

Le thème de l’improvisation, qui relie le jazz au flamenco depuis la formule musicale proposée il y a une trentaine d’années par les guitaristes virtuoses John McLaughlin et Paco de Lucia, était le sujet, le point de départ et la méthode suivie pour mettre au jour la pièce Caída del Cielo, une « Chute d’Icare » revue et corrigée par la Malaguène, produite à Chaillot en 2016. Le film détaille l’assez long processus de création, use du suspense et du compte à rebours avant le jour J. C’est aussi à Chaillot que la rénovatrice du baile flamenco au féminin se distingua à nos yeux en 2008, estompant ses deux collègues aguerries Merche Esmeralda et Belén Maya. Rocio Molina n’a, dès lors, cessé de nous étonner, sur scène comme dans des espaces publics urbains et suburbains – au lever du jour, sur le quai de Seine devant le musée d’Orsay, dans le terrain vague faisant office de square au bord du canal pantinois –quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit.

Un film, aussi réussi soit-il – et c’est le cas ici – ne saurait déchiffrer l’énigme d’un personnage hors norme, en l’occurrence d’une interprète-chorégraphe, bientôt mère de famille, qui danse, nous dit-on, depuis l’âge de... trois ans. Vous ne saurez rien sur sa vie privée, ses amours, ses emmerdes – pour citer un chanteur récemment disparu. Ce petit bout de femme mène son monde par le bout du nez – un monde, professionnellement parlant, entièrement masculin. On sent son affection pour le paternel, resté au village qui, pour se rendre utile, prépare de manière peu orthodoxe une paella pour toute la troupe – versant le bouillon sur le riz, au lieu de faire l’inverse. Sa tendresse pour une bailaora gitane de Barcelone en bout de course, La Chana. Sa complicité avec sa mère, elle-même d’une très grande sensibilité. Les scènes d’embrassades sont plus nombreuses que celles des disputes – esquivées ou écartées au final cut...

Lors de la première parisienne d’Impulso au MK2 Hautefeuille, le réalisateur a, à juste titre, déclaré que son film n’était pas un biopic. Vu l’âge de la capitaine, elle a encore tout l’avenir devant elle.

 

> Impulso d’Emilio Belmonte, sortie en salle le 10 octobre

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