CHARGEMENT...

spinner

 

 

La date, d’abord – un 30 novembre – est celle du jour de la « naturalisation » de Joséphine Baker, de l’obtention, par la voie de son mariage en 1937 avec un certain Jean Lion, de la nationalité française. En ce temps-là, on pouvait acquérir la citoyenneté française le jour-même des épousailles – actuellement, l’attente peut durer des années. Nous ont été rappelées les raisons de l’entrée au Panthéon de Joséphine Baker : « née noire et américaine dans une société fermée d’assignation à résidence et qui est devenue tout au long de sa vie – et jusqu’au bout de sa vie – une valeur de lumière de la République française et de l’ouverture au monde. Une femme dont la vie entière est placée sous le double signe de la quête de liberté et de justice. » L’idée de la panthéonisation de Joséphine fut proposée en 2013 par l’homme de lettres Régis Debray en haut lieu. Elle ne fut pas retenue par un président censé aimer les artistes femmes.

 

La Lumière

L’histoire personnelle de Joséphine est exemplaire pour sa propre émancipation et pour l’exemple qu’elle a offert aux autres : « Joséphine Baker sera la première artiste de scène à entrer au Panthéon mais elle y entre pour tous les combats qu’elle a menés. » Ont été listés ses faits d’armes, certains connus et d’autres moins. Elle a adhéré à la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme en 1938 ; elle a agi dans le cadre de la Résistance ; elle a lutté aux États-Unis pour les droits civiques aux côtés de Martin Luther King ; elle a joué un rôle humaniste en France dans l’adoption de cette tribu « arc-en-ciel » de douze enfants ; elle a montré son engagement de « femme libre » en tant qu’artiste ; moins connue est son initiation dans la franc-maçonnerie – elle était membre de la Grande loge féminine de France.

 

L’Ombre

Nous apprenons que ce ne sera pas le corps de Joséphine Baker qui sera entombé au Panthéon mais un cénotaphe. Celui-ci sera porté par des aviateurs, en raison de son engagement dans l’armée de l’air à la fin de la guerre. Ce cercueil contiendra de la terre de quatre régions différentes : de Saint-Louis dans le Missouri, de Paris, Ville Lumière, son second pays, des Milandes, dans le Périgord noir, de Monaco où sera conservée sa tombe, suivant le souhait de la famille arc-en-ciel. Qui, peut-on le penser, est sans doute aussi celui de la famille princière. Grace Kelly a toujours défendu la danse. Elle figure dans le film sur le ballet du Kirov de Robert Dornhelm et Earle Mack, The Children of Theatre Street qu’elle a aidé à produire ; elle créa en 1975 avec Marika Besobrasova l’Académie de danse de Monte Carlo ; elle prit en charge, cette année-là, l’enterrement de Joséphine qu’elle et une autre star internationale éprise de danse, Brigitte Bardot, avaient soutenue financièrement les derniers temps de son existence.

On entendra la voix de Joséphine durant la cérémonie, on l’écoutera parler et, surtout, chanter. On la verra sur grand écran, avec, pour partenaire, Jean Gabin, dans Zouzou (1934) de Marc Allégret. La danse live n’est cependant pas prévue au programme, solennité oblige. Certains le regretteront : n’avons-nous pas vu, il y a peu d’années, Carolyn Carlson1 ou Radhouane El Meddeb s’y produire dans le cadre de la manifestation « Monuments en mouvement » ? Mais l’heure n’est ni aux choses qui fâchent, ni aux zones d’ombre d’une personnalité hors du commun. Ni aux regrets, si ce n’est celui de cette figure politique et poétique, d’un sex-symbol à la vis comica. La première femme born in USA à être panthéonisée. La première artiste de scène.

 

1. Lire aussi : https://www.mouvement.net/critiques/critiques/pantheonisee

Lire aussi

    Chargement...