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Un homme à la silhouette longiligne déambule quasi-nu sur scène, chaussé de grosses chaussures poilues à talons. Il a l’allure bestiale, l’échine courbée, le bassin projeté vers l’avant, un poil libidineux. Du sable vert est soigneusement disposé sur le sol, pour former la carte d’une contrée imaginaire. Elle ressemble à celle qui est tatouée sur le dos de cet homme, Labyala Nosfell, chanteur, compositeur et performeur, à la fois interprète et concepteur de cette pièce. Une voix résonne sur le plateau et nous semble lointaine, comme celle d’un narrateur omniscient. C’est pourtant celle de Nosfell, qui chante juste devant nous. Grâce à son timbre protéiforme, tantôt chaleureux, tantôt strident, il dévoile des fragments de son histoire et se mute en conteur surnaturel qui nous guide au travers des paysages de l'enfance, aussi enchanteurs qu’angoissants. 

 

 

Conteur onirique et pop

Sur scène, Nosfell se métamorphose. Il déploie des costumes monstrueux qu’il enfile ensuite pour mieux se transformer en criquet poilu ou en minotaure aux longues guiboles. Son visage arbore des mimiques surprenantes qui invoquent une myriade de personnages. Des contes mythologiques et des ballades pop interprétées avec brio rythment ce voyage et donnent l’impression d’assister à une version cauchemardesque de la comédie musicale des années 80' Emilie Jolie.

On se rappelle alors de la feuille de salle, autobiographique, où Nosfell raconte : « lorsque j’étais enfant, mon père me réveillait régulièrement la nuit. Il voulait que je lui raconte mes rêves. Il s’en nourrissait et contait les siens en retour. » Pendant ce qu’il appelle des "colloques nocturnes", son père lui parlait dans une novlangue inconnue et écrivait des signes étranges. À partir de ces souvenirs, Nosfell a construit tout un univers. Une langue d'abord : le "Klokobetz", qu’il chantait déjà dans ses premiers albums, notamment l'envoutant Kälin Bla Lemsnit Dünfel Labyanit (2006). Et un territoire ensuite : le "Klokochazia", dont il raconte la mythologie sur scène en faisant référence à la carte tatouée sur son dos.

Nosfell nous invite à entrer dans son intimité à travers ce monde torturé, ancré dans son histoire et partie intégrante de son œuvre. Pas vraiment pour les enfants, ce drame musical en solo compile des morceaux de rêves et de cauchemars, c'est un "conte cruel", selon ses termes. Le Corps des songes, fantasmagorique, introspectif et parfois très sombre, nous fait ainsi frémir en réveillant en chacun de nous les monstres effrayants de l’enfance.


> Le Corps des songes de Nosfell a été présenté le 11 octobre à l'Échangeur CDCN dans le cadre du festival C'est comme ça ; du 15 au 17 octobre à La Rose des Vents, Scène Nationale Lille Métropole ; du 21 au 23 novembre au Théâtre de la Cité Internationale à Paris dans le cadre du programme New Settings ; le 7 décembre Chez Robert, Centre culturel de La Ville Robert à Pordic ; le 9 janvier 2020 à ICI Centre Chorégraphique National Montpellier-Occitanie ; les 24 et 25 janvier au CENTQUATRE-Paris dans le cadre du festival Les Singuliers ; le 6 mars au Théâtre Paul Éluard Bezons ; le 24 mars au Phénix Scène Nationale de Valenciennes en partenariat avec le Gymnase CDCN, dans le cadre du festival Le Grand Bain ; le 28 mars à L’Avant-Scène Cognac ; le 4 avril à l'Opéra de Rennes dans le cadre du festival Mythos ; le 9 avril à MA scène nationale du Pays de Montbéliard ; le 29 avril au Manège Scène Nationale de Reims

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