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Que serait une danse relationnelle, une danse qui créé un lien entre la scène et la salle ? Si l’on part du postulat qu’à partir du moment où il y a public, il y a regard ; et qu’à partir du moment où il y a regard posé sur, il y a relation, la question paraît absurde. Il se trouve qu’il ne suffit pas qu’une pièce soit vue, pour qu’elle joue avec notre regard. Parfois, la construction d’une pièce chorégraphique est telle que sa forme devient « autonome » :  le mouvement est reproduit, répété, assimilé et dansé pour lui-même, sans être offert au public. Pas de lien : le quatrième mur virtuel situé entre la scène et la salle demeure fermé.

Dans ce lien, tout aussi virtuel, entre la salle et la scène, il ne faudrait pas non plus entendre l’émotion qui nous attrape quand nous voyons une forme. Il n’y a pas non plus « danse relationnelle » quand, en tant que spectateur, je suis saisi par ce que je vois : être charmée par une musique, un mouvement et être prise dans la proposition chorégraphique ne permet pas d’établir de lien. Ou plutôt, dans ce cas, une partie du lien seulement existe, car il est indépendant de la volonté du ou de la chorégraphe et se situe du côté de la réception uniquement. Comment savoir si le public sera saisi par ce geste ou ce déplacement ? Autant de regard dans la salle, autant de subjectivités, autant de goûts, autant de saisissements possibles en fonction de la culture et de l’histoire de chacun.

Ce lien réciproque infime, délicat, intime et invisible surgit pourtant parfois. Lors de la pièce Vacances vacance, un solo d’Ondine Cloez, je suis au premier rang et je suis en train de regarder la basket jaune fluo de mon voisin de droite. Jusque-là, j’étais très concentrée et je ne faisais que regarder l’interprète, mais depuis quelques secondes, étrangement, je suis absorbée par la basket sans pouvoir expliquer pourquoi ni comment mon regard poursuit le chemin d’une diagonale oblique en direction du sol. Et puis j’entends cette phrase prononcée par l’interprète, quelque chose comme « maintenant vous ne me regardez plus ». Et de fait, sa phrase venait de rattraper mon action. Synchronisme entre ce qui a été voulu et ce qui a été reçu. Le lien tient à une phrase. Et en une phrase, il était possible de mettre le doigt sur cette relation, invisible, mais effective – presque télépathique. Il y a soudain autre chose qui dialogue : serait-ce parce que le solo interrogeait les notions de grâce et des expériences de sortie de corps ?

 

> Vacances vacance d’Ondine Cloez, le 11 septembre à l’Atelier de Paris dans le cadre du temps fort Indispensable !, en partenariat avec le Centre Wallonie-Bruxelles et le Festival d’Automne à Paris

 

 

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