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Comment s’est déroulée la rencontre avec les quatorze étudiants de la 32e promotion du CNAC ?

« Au début, j’avais des inquiétudes. Pour un metteur en scène, c’est quand même très intimidant d’arriver dans un groupe qui se connaît depuis des années, et qui est devenu une sorte de meute. Il y avait aussi une sorte de méfiance puisqu’on ne s’était pas choisis. Certains avaient très envie de travailler avec moi et d’autres sûrement pas. Il a fallu s’apprivoiser et réussir à se mettre tous ensemble au service d’un projet. J’ai pris un vrai temps pour les observer, aller voir leurs solos, et pour pouvoir créer ensuite une trame dramaturgique basée sur des personnages inspirés de leurs personnalités. L’enjeu était de répondre à leurs attentes, tout en restant vraiment metteure en scène, en les confrontant à ma méthode de travail fondée sur des improvisations structurées. J’ai été très claire dès le début : c’est moi qui donne le cadre, qui dirige, et je suis le seul chef d’orchestre ; mais je travaille à partir de leur vocabulaire pour ne pas les déposséder de ce qu’ils sont. Je demande beaucoup aux interprètes, ils donnent tous un peu d’eux-mêmes.

Dans le spectacle, on retrouve des éléments « signature » de votre travail, dans lequel la lumière notamment est très importante. Comment avez-vous écrit Le cycle de l’absurde ? 

« Je n’avais pas du tout envie de faire un patchwork ni un enchaînement de numéros, je tenais au contraire à écrire un spectacle comme ceux que j’ai pu créer au sein de L’Oublié(e). Dans ma compagnie, on travaille toujours dès le départ avec les lumières car cela oblige à être tout de suite plus incarné.e. Dans le cadre de la mise en scène au CNAC, les étudiants ont immédiatement été plongés dans cette atmosphère, et ça a eu des effets très positifs sur leur qualité de présence.

Le spectacle met en scène des situations cycliques et des personnages qui semblent souvent dépassés par les événements. À quoi fait référence Le cycle de l’absurde, le titre du spectacle ?

« J’avais très envie de parler de l’absurde de nos comportements, de l’absurde de cette société, de toutes nos déviances qui peuvent être aussi très drôles. Cette promotion a par ailleurs énormément souffert. Il a fallu monter ce spectacle dans un contexte sanitaire et social qui a démultiplié les contraintes, mais qui finalement nous a confronté au sujet encore plus fortement. Ensemble, on a réussi à gravir des montagnes dans un contexte terrible. On n’a pas seulement créer un spectacle, on a fondé une véritable équipe. Tous les étudiants se sont impliqués et avaient envie de parler de cette société qui se délite, et où tout va trop vite. D’autant qu’ils représentent une jeunesse, celle de demain, qui a beaucoup de révolte en elle. »

> Le cycle de l'absurde de Raphaëlle Boitel / Cie L'Oublié(e) avec la 32e promotion du CNAC, du 21 au 31 juillet à La Villette, Paris

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