CHARGEMENT...

spinner

 

Chorégraphe, et auteur en 2004 d’un mémoire de DEA sur « Les enjeux de la danse en prison » (1), Laurence Pagès résume bien ce que la prison peut avoir de dévastateur pour les corps et les esprits : « Restriction de l’espace corporel, négation de l’intimité, amputation sensorielle, atteinte aux capacités d’imaginaire et de liberté de l’esprit, destruction identitaire et dépossession de soi, parole muselée… » La posture de l’artiste, « marginal socialement accepté » intervenant en milieu carcéral alors même qu’il défend une certaine idée de la liberté (de mouvement et d’expression, entre autres), peut ainsi ressembler étrangement à celle d’un équilibriste. « Intervenir en prison est-ce cautionner le système carcéral en donnant à l’Administration pénitentiaire les moyens de se légitimer […] ? »

S’appuyant sur ses propres expériences, comme celles de Loïc Touzé ou Claire Jenny, la jeune femme livre un constat sans angélisme. « Les chorégraphes sont aussi là, comme la télévision, pour permettre à l’institution de perdurer sans imploser. » Mais elle plaide aussi pour un art du corps porteur d’une « subversion douce » qui viendrait, en prison, restaurer une part de l’amputation sensorielle et spatiale qui est faite aux détenus, « insuffler de l’esprit, du mouvement et de la respiration dans l’ordonnancement carcéral ».

 

1. Accessible sur www.danse.univ-paris8.fr (rubrique Mémoires et thèses/Masters et DEA).

 

Lire aussi

    Chargement...