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Quoi de neuf à Dinard ? D’abord un nouveau maire, Arnaud Salmon, jeune quadra récemment élu sur une liste apolitique, et donc de droite. Puis, une nouvelle tête à la direction artistique du festival de film britannique : l’Anglaise Dominique Green prend la place de Hussam Hindi qui avait rendu très populaire la manifestation. Enfin, la réouverture de la magnifique salle Debussy, restaurée, flambant neuf. La sélection officielle du festival a innové en ce que chacun des six longs métrages programmés illustrait une catégorie, pour ne pas dire un genre spécifique : documentaire, fiction, film d’horreur, etc. Dans les fictions, qui restent prédominantes, le temps des vacances revient plus souvent qu’à son tour, et l’absence du père se fait sentir et se traduit par la décomposition de la cellule familiale. Quand ce n’est pas celle du grand frère, comme dans le film qui a trusté pour cette 32ème édition le prix du public comme celui du jury, Limbo, de Ben Sharrock.

 

 

Il nous a semblé que le genre musical a été particulièrement mis à l’honneur cette année avec des titres tels que Beats de Brian Welsh à propos d’une rave party illégale ou Creation Stories de Nick Moran sur la vie du héros punk-rock Alan McGee, mais aussi avec Laurent Garnier : Off the Record de Gabin Rivoire. Un film que le fameux DJ hexagonal est venu introduire en direct et qui, malgré l’absence de repères historiques sur les liens entre musique et machinisme, est intéressant parce qu’il met en valeur les pionniers de la techno, ce courant musical de Détroit dans le Michigan, comme quasiment tous des musiciens afro-américains, les plus connus étant Derrick May, Carl Cox, Kerri Chandler et Jeff Mills.

En outre, la musique joue un rôle important dans nombre d’autres bandes et d’autres sections du festival. À commencer par Limbo, dont le héros est un musicien, un joueur de oud, qui trimballe en permanence son instrument protégé des intempéries d’Écosse dans sa volumineuse caisse, sorte de « cercueil de l’âme », comme dit l’un des protagonistes du film. Un musicien syrien demandeur d’asile qui durant tout le récit, refuse de jouer de son instrument. Dans le film d’épouvante The Power, la cinéaste Corinna Faith trouve moyen d’insérer une séquence musicale sur le tube planétaire des années 70’ « Chirpy Chirpy Cheep Cheep » du groupe écossais Middle of the Road. Dans un documentaire sur le surf, Ride the Wave de Martyn Robertson, on a droit non à la musique trop convenue des Beach Boys mais à un morceau du groupe de rock Dire Straits. Enfin, les deux co-lauréates du prix de la meilleure interprétation, la regrettée Nika McGuican et Nora-Jane Noone, ont produit une chorégraphie bien pataude sur le tube de Van Morrison et Them Gloria joué par un jukebox dans le film Wildfire de Cathy Brady.

 

 

La meilleure surprise cinématographique et musicale du festival a été pour nous Rudeboy : The Story of Trojan Records de Nicolas Davies, qui traite avec sérieux d’une musique qui ne l’est guère, en apparence. Celle issue de la Jamaïque, adaptée et recréée à Londres. Ses sons à base de ska, de rocksteady et de reggae, sont diffusés dans les soirées privées d’émigrés caribéens après l’indépendance jamaïcaine puis par le label Trojan, fondé en 1968 par l’Indien Lee Gopthal. D’une part, le film est bourré de musique, avec pas moins d’une vingtaine de morceaux cités, plus joyeux les uns que les autres. D’autre part, on pourrait dire, qu’il est un nouveau type de docufiction. Pour la première fois, la fiction est « raccord » avec la galerie de personnages réels et de témoins dignes de crédit. Ce, grâce à la formidable reconstitution d’une époque pas si lointaine que ça de nous et avec un montage tout en finesse fondant les héros de cette saga musicale. Les fondant sans les confondre pour autant.

 

> Le festival du film britannique a eu lieu du 29 septembre au 3 octobre à Dinard, les films sont à visionner en ligne sur la plateforme du festival

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