Le chagrin (Les hommes approximatifs)
Caroline Guiela Nguyen
Tournée :
du 3 au 5 novembre à la Comédie de Valence
du 1er au 5 décembre à la MC2, Grenoble
les 10 et 11 décembre à Sortie Ouest, Béziers
du 5 au 7 janvier au CDN de Besançon
du 13 au 15 janvier à la Comédie de Béthune
les 19 et 20 janvier au Parvis, Tarbes
les 2 et 3 février au Théâtre d’Arles
du 9 au 13 février au Théâtre de la Croix Rousse, Lyon.
LE FUNÉRARIUM DES HOMMES APPROXIMATIFS
Après Elle brûle, Carolina Nguyen et la compagnie des Hommes approximatifs poursuivent leurs écritures au plateau avec Le chagrin. Une esquisse, à l’aquarelle, du quotidien d’un deuil.
Des jouets partout, dans la lumière bleutée. Bibelots, trophées, reliques, exposés comme des ex-voto sur les murs : les étagères sont des autels imaginaires. Le deuil est palpable dans cet étrange cabaret des curiosités, mais ce n’est pas seulement le père que l’on pleure. Si la mort plane, celle qui a vraiment eu lieu se fait moins présente que la cohorte de spectres qui hante toutes les pièces emplies de souvenirs.
Dans la vieille maison de famille, ils sont quatre à se renvoyer la responsabilité des obsèques, le fils, la fille, la sœur et l’amie fidèle. Forcés à cohabiter pour l’occasion, ils ne se parlent que peu. Echangent des banalités, des anecdotes, tentent de rattraper le temps perdu, font des projets voués à l’échec. Rien de spectaculaire dans ce chagrin. Simplement la pâle banalité de la perte et des jours qui suivent. Le quotidien, avec ses lenteurs et ses pesanteurs, ses malentendus. Ses émotions qui effleurent sans être assumées, ses rires qui volent trop haut pour annuler le drame, ce besoin salutaire d’absurde et de jeu. Ses non-dits.
Si dans Elle brûle (lire la critique « Contre-enquête sur la mort d’Emma B. de Julie Rossello, mouvement.net, 8 novembre 2013) la compagnie des Hommes approximatifs cherchait la vie du côté de l’hyper-réalisme, c’est dans une tonalité proche du nouveau roman qu’elle se met en quête pour cette nouvelle création.
Les personnages sont vaporeux, ambigus. Ils louvoient, se cachent et se contredisent. Ils s’aiment et se haïssent en même temps, redéfinissent constamment les contours des relations qu’ils entretiennent avec les autres. Ils parlent pour dissimuler plutôt que pour dire : le dialogue est le lieu du mensonge et du camouflage, pas de l’aveu. Contenus, les sentiments s’expriment davantage dans les jeux de lumière et la création sonore que dans les mots. Et dans cette peinture en creux, les acteurs – professionnels ou amateurs – excellent.
La trame narrative quant à elle, est inexistante. Pas de début, pas de fin, peu d’évolutions. L’ordre chronologique est brouillé en bribes. Les saynètes, quoique souvent très drôles, se déclinent dans un certain flottement contemplatif. D’une grande justesse, ce parti-pris risque par moment de laisser le spectateur sur le banc de touche, dans l’attente de quelque chose qui ne se produira pas. Mais la vie après tout, n’a t-elle pas pour scénario que le copier-coller en fondu enchaîné d’instants plus ou moins riches ?
PORTFOLIO
Le chagrin de la compagnie des Hommes approximatifs, a été créé du 31 mars au 10 avril 2015 à la Comédie de Valence.
Tournée : les 13 et 14 octobre au NTA, Angers; du 3 au 5 novembre à la Comédie de Valence ; du 1er au 5 décembre à la MC2, Grenoble ; les 10 et 11 décembre à Sortie Ouest, Béziers ; du 5 au 7 janvier au CDN de Besançon ; du 13 au 15 janvier à la Comédie de Béthune ; les 19 et 20 janvier au Parvis, Tarbes ; les 2 et 3 février au Théâtre d’Arles ; du 9 au 13 février au Théâtre de la Croix Rousse, Lyon.
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