CHARGEMENT...

spinner

Pier 7 est une forme hybride qui mixe de nombreux registres. Comment s’est organisé la collaboration avec le skateur Jean-Baptiste Gillet et le choix de faire intervenir des circassiens ?

Nous souhaitions créer une pièce avec un format documentaire et employer des sons enregistré en direct. Une forme assez mature qui donne à voir des performances impressionnantes tout en laissant aussi la place aux ratés. Nous avons initié différents temps de workshop mais sans qu’il n’y ait de skateboard sur scène. Après une première période de travail, Jean-Baptiste Gillet n’a finalement pas souhaité être au plateau. Il se sentait davantage à l’aise dans la rue, ce qui a remis en question la forme intiale du projet. Au final, j’ai gardé la vidéo que nous avions tournée, pour faire état de différents moments et donner à entendre de nombreuses thématiques telles que le parcours, la formation, la notion de parité… autant de sujets que j’aimerais creuser davantage par la suite. Lorsqu’on aborde le domaine du skateboard, on pense d’abord au parcours du skateur dans un parc ou dans la rue. Je souhaitais plutôt mettre en avant la notion de danger et la questionner sous le prisme du cirque.

 

Dans Pier 7, tout part de la question de l’espace, qui est totalement modulable, mais également du regard, de son déplacement. Pouvez-vous nous en dire plus sur la dimension très plastique de cette création ?

D’une création à l’autre, l’importance de la scénographie n’a cessé d’augmenter. Dans Sa prière, ma première création, il y avait déjà des colonnes, un peu comme les cinq piliers de l’Islam. Le dispositif de Pier 7 est encore plus imposant. Je souhaitais quelque chose qui restructure l’espace à l’inverse de la frontalité pure, que selon l’endroit où l’on se place, la vision n’ait rien à voir. Je voulais que cela soit immersif avec l’emploi de praticables disposés parmi les spectateur·ice·s, invester l’espace du public – comme le fait le skate en s’affranchissant des lieux qui lui sont dédiés – mais sans pour autant prendre le public en otage. Avec Pier 7, il s’agit plutôt de parler de la convention, tourner autour des spectateur·ice·s, mais sans les provoquer pour autant. L'idée étant de questionner le positionnement du regard, depuis ses orignes. Car depuis la Grèce antique, les choses sont plus ou moins figées à ce niveau…Au final, d’un point de vue plastique, cette création est beaucoup plus pop que ce que j’imaginais au départ. On y retrouve des couleurs et un côté fun, comme pour interroger la notion de jeunesse, plutôt que d’utiliser uniquement des matériaux purs qui font référence à la rue.

 

De nombreuses actions et extensions ont été imaginées en amont et en aval du spectacle. Quelles sont-elles ?

Toujours dans l’idée d’avoir une dimension documentaire, nous sommes allés dans des skatepark et nous avons sonorisé des skateurs avec des microphones, mais nous avons aussi investi des lieux non dédiés à la pratique du spectacle : dans la rue, sur des parkings. En avril sur les prochaines dates de Paris, je souhaiterais aussi questionner le public à la sortie de la salle. À terme j’aimerais créer un podcast pour nourrir le projet au-delà de l’objet final et montrer qu’il y a beaucoup d’autres choses autour de celui-ci, pour que l’on puisse écouter davantage cette histoire. Idem pour les éléments d’exposition qui sont collés aux murs durant le spectacle, j’aimerais des écritures qui interviennent en direct… pour faire émerger tout un écosystème.

 

Propos recueillis par Élise Ternat

 

> Pier 7 de Malika Djardi, les 8 et 9 avril au Théâtre de la Cité internationale, Paris

 

Lire aussi

    Chargement...