Un entretien extrait du n°126 de Mouvement
Les résultats de ses investigations sont consignés dans le livre De l’art en duty free, publié en France en 2021. Voilà l’état des lieux : les Van Gogh disparaissent dans les zones franches des aéroports de Genève ou Singapour, vendus de barons de la drogue à chefs paramilitaires, et gardés par des milices armées ; le Louvre ouvre une nouvelle franchise à Abu Dhabi, construite par des ouvriers esclavagisés et garnie d’artefacts pillés pendant la révolution égyptienne de 2011 ; Rem Koolhaas échange des emails avec Bachar el-Assad au sujet d’un nouveau « Parlement national », peu importe qu’il y ait ou non des députés pour siéger dedans ou des civils pour manifester devant. L’art et la guerre ont tout à voir, mais le complexe militaro-industriel-récréatif met toute son énergie à nous les distinguer. La création est alors affaire de dévoilement – des structures, et des conditions de possibilité. Hito Steyerl a des protocoles infaillibles : si Frank Gehry construit une tour dans ton quartier, c’est