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Société
Inexistant au début du millénaire, le cinéma corse explose. Trois films insulaires étaient présentés au dernier festival de Cannes. Sur l’île, le septième art est vécu comme un moyen de réinvestir les représentations identitaires : raconter son histoire de la violence, puis passer à autre chose. Des acteurs non professionnels – adolescents sans histoire ou anciens militants du FLNC – tiennent le haut de l’affiche. Une épopée entre mer et montagne, de Bastia à Bastelica, garantie sans Christian Clavier.
En 2004, Faïza Guène casse la baraque avec Kiffe kiffe demain, satire à la première personne de la vie en cité et de la ségrégation sociale. 20 ans après ce succès de librairie et six livres plus tard, l’autrice a fui le rayon « littérature urbaine » auquel le monde du livre la cantonnait. Dans Kiffe kiffe hier ?, l’héroïne de son premier roman est de retour : alors, la France, elle a changé ?
La France est condamnée à vivre et mourir avec le nucléaire sans qu’il n’y ait jamais de concertation. Quand il n’y aura plus d’hôpital public, nous aurons toujours des centrales à entretenir et des déchets radioactifs à enterrer. C’est pas Macron qui s’y collera. À l’inverse, l’historienne de l’architecture Fanny Lopez plaide pour un « municipalisme électrique » : on consomme, on s’en occupe.
Dans le monde anglo-saxon, les coordinatrices d’intimité sont devenues monnaie courante sur les plateaux de cinéma ; en France, où l’auteur est roi, les réticences sont grandes mais l’idée fait son chemin. Mouvement a interrogé les pionnières du métier ainsi que des acteurices, des productrices et une réalisatrice. Protocole expérimental pour saboter le cinéma-prédateur.
Colonisation, occupation, attaque de colons : la ville cisjordanienne de Huwara, traversée par des checkpoints et administrée par Israël, vit dans une dystopie au quotidien. En 2048, un siècle après l’exode de la « Nakba », les Palestiniens auront-ils encore une terre ? Mouvement est allé à la rencontre des habitants et d’auteurs de science-fiction.
Dans les Alpes-Maritimes, Éric Ciotti et Christian Estrosi s’affrontent dans un duel à mort, avec tout un tas d’artifices moyenâgeux : chiens d’attaque et chiens de garde, gratte-moi le dos et renvois d’ascenseur. Les chantiers de reconstruction, consécutifs à la tempête Alex de 2020, sont pour eux une manière de régler de vieux comptes. Mais cette fois, de l’argent a disparu. Enquête dans les vallées montagneuses auprès des bons, des brutes et des truands.
Dans Le Problème à trois corps, chef-d’œuvre de la science-fiction chinoise, une communauté secrète prépare clandestinement la venue des extraterrestres. En France, ils sont plusieurs milliers à en faire de même : des personnes cabossées, à qui on fait acheter du plasma en fioles et des discours trumpistes. Secte ou pas encore ? Le gouvernement surveille de loin mais reste silencieux. Plongée dans les milieux conspis.
Littérature
Les Vilaines. Avec le titre de ce premier roman, aujourd’hui traduit dans une vingtaine de langues, Camila Sosa Villada affichait d’emblée l’horizon hardi de son œuvre. Dans un parc de la ville argentine de Córdoba – région d’où l’autrice est originaire et vit encore aujourd’hui – une bande de femmes trans survit en se prostituant. Malgré leurs grandes gueules et leurs liens solidaires, leur quotidien est marqué par l’exclusion sociale et la violence patriarcale. Volontairement contradictoire, farouchement indépendante, irrévérencieuse par nature, Camila Sosa Villada s’épanouit dans l’art de la réinvention. Histoire d’une domestication – son second roman à paraître en France en septembre – nous téléporte dans un univers aux antipodes : une actrice trans, riche et célèbre, mariée à un très bel homme et mère d’un enfant adopté séropositif, se retrouve confrontée à l’étroitesse de ses choix de vie. Le livre vient d’être adapté au cinéma : Camila Sosa Villada, qui est aussi actrice, chanteuse et poétesse, y tient le rôle principal. « Personne n’était mieux placée que moi pour le faire. »
En français, on a pris l’habitude d’appeler improprement dièze le symbole précédant les hashtags, ces trend-topics qui alimentent le débat médiatique. Mais on a aussi importé du nouchi, l’argot d’Abidjan, le mot djèze, qui se prononce pareil et qui veut dire affaire. À mi-chemin entre le bruit du monde et les mots des gens, cette chronique trace sa route dans ce qui nous occupe.