CHARGEMENT...
OÙ TROUVER VOTRE N° ?
Société
En Géorgie, l’apéro est devenu compliqué depuis que le pays est en crise. Alors que le gros rouge soutient le gouvernement, allié de Moscou, le vin nature manifeste avec l’opposition. Un découpage imposé dès le XIXe siècle, quand la Russie colonise le terroir géorgien pour produire une cuvée standardisée destinée à sa consommation. Le vin orange élevé en amphore est un produit secret et dissident : reportage de part et d’autre des élections, entre le coteau et le cortège.
La région du Meta, au centre de la Colombie, a traversé soixante-dix années de spoliations et de violences extrajudiciaires. La communauté indigène Sikuani, qui revendique la propriété ancestrale de ces terres, s’est réinstallée en 2016. Mais un autre groupe de personnes a eu la même idée au même moment : ce sont les Mennonites, une communauté catholique fondée en Europe de l’Est au XVIe siècle et déjà très implantée en Amérique centrale. Sa stratégie : la culture intensive de céréales. Arpentage quadrilingue d’une plaine aride et disputée.
Les Verts et les ONG n’auraient plus de travail si le monde allait mieux : leur intérêt profond, c’est le statu quo. C’est le constat que dresse Clément Sénéchal, sociologue et ancien porte-parole de Greenpeace. À force de compromis, l’écologie mainstream a perdu la face et l’adhésion populaire. Plaidoyer pour le retour de la lutte des classes obligatoire dès l’entrée au primaire.
Pristina, capitale du Kosovo, a été démolie aux trois quarts depuis l’an 2000. Rien à voir avec la guerre : c’est entièrement le fait des mafias du BTP et de la classe politique corrompue. Au cœur de tout ça, un bâtiment a survécu : le Grand Hôtel, un joyau du modernisme yougoslave devenu cour des miracles pour les entrepreneurs de l’art, la mort, la fête et la baston. Déambulation fantomatique au son des marteaux-piqueurs, à quelques jours des élections.
Qui chasse en France ? Dans quel but et avec quels moyens ? La pratique est variée : autour de l’étang de Berre, un chasseur à l’arc traque un braconnier ; dans le Morvan, un autre, lassé de la gâchette, n’ira pas au bout de sa boîte de cartouches. Pourtant, il faut tirer : l’État délègue la régulation de la faune aux fédérations locales. Virée dans les bars associatifs des Bouches-du-Rhône avec les chasseurs populaires, coincés entre la bourgeoisie et l’extrême droite sur la chaîne alimentaire.
La SATA, deuxième exploitant français de remontées mécaniques, a mis la main sur les stations de l’Oisans, dans les Alpes. Mais un sommet ne se laisse pas gravir : à La Grave, haut lieu du ski alternatif, un collectif appuyé par les Soulèvements de la Terre s’oppose à la construction d’un nouveau téléphérique. De l’autre côté de la montagne, les habitant·es de La Bérarde tentent de sauver leurs maisons endommagées par une crue l’été dernier. Une cime, deux vallées, trois ambiances et dix raisons d’être en colère.
Depuis Mitterrand, le combat LGBT+ était solidement amarré à la gauche. Mais c’est du passé. L’incompétence socialiste sur les questions minoritaires et la banalisation de l’homosexualité ont eu pour revers l’émergence d’un « homonationalisme » dont Le Pen et Zemmour cherchent à s’emparer. Résultats : à l’Assemblée, les gays les plus en vue sont à l’extrême droite de l’hémicycle. La société suit : taper sur les étrangers et les trans n’a plus rien de tabou pour bien des homosexuels. Et si la dernière victoire des fascistes avant le pouvoir, c’était les LGBT+ ?
En français, on a pris l’habitude d’appeler improprement dièze le symbole précédant les hashtags, ces trend-topics qui alimentent le débat médiatique. Mais on a aussi importé du nouchi, l’argot d’Abidjan, le mot djèze, qui se prononce pareil et qui veut dire affaire. À mi-chemin entre le bruit du monde et les mots des gens, cette chronique trace sa route dans ce qui nous occupe.
C’est en observant les abattoirs de Chicago que Henry Ford inventa le « fordisme » : on peut assembler des voitures comme on démembre des carcasses. Les processus d’infériorisation infligés aux animaux coïncident souvent avec les dispositifs de contrôle qui encadrent les humains les plus vulnérables : ouvriers, migrants, jeunesse « ensauvagée ». Pour la sociologue Kaoutar Harchi, un seul coupable : le bon vieux clivage nature/culture, à réformer d’urgence.