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Arts
Le sens d’une œuvre n’est jamais figé, tant celui-ci dépend du contexte d’exposition. Avec Dirty Rains au Centre européen d’actions artistiques contemporaines de Strasbourg, on en fait directement l’expérience : les photographies de Marianne Marić et le travail conceptuel de Endre Tót n’ont a priori rien à voir et pourtant, leur mise en dialogue révèle une démarche anti-autoritaire commune défiant l’espace-temps.
Le pet parenting – considérer son chien comme son enfant – prouve que les frontières inter-espèces peuvent être fines. Et plus largement, créer une jungle dans sa cour d’immeuble, s’agenouiller devant un autel d’emojis ou faire comme si la pluie était noire, sont autant de réalités parallèles qui déplacent nos pratiques et nos relations avec le vivant. Un pas de côté immersif, à explorer au Transpalette de Bourges.
On ne peut pas le nier, le monde globalisé est en crise : climatique, sociale, politique. Les nouvelles générations héritent, perpétuent, dénoncent ou s’opposent aux modèles impérialistes et productivistes des précédentes. Au Frac Méca, l’exposition Primavera Primavera prend le pouls de cette « jeunesse » auprès d’une quarantaine d’artistes et collectifs. Entre écologie des pratiques et déconstruction des paradigmes, les ambitions de la scène artistique oscillent entre vœux pieux et exemplarité.
Un nom, un vêtement, une attitude : un simple détail peut nous faire décrocher un boulot ou nous envoyer en garde à vue. Dire que les « préjugés ont la peau dure » est un euphémisme. Le photographe et journaliste Bayeté Ross Smith utilise l’image comme un révélateur de leur puissance. Son exposition au Centre de la photographie de Mougins se vit comme une expérience sociologique. Que l’on se pense progressiste ou non : les stéréotypes façonnent notre perception.
« La France est tissu de migrations » : jeu de mot clinquant brandi place de la République à Paris, en juillet dernier contre l’extrême droite. Le slogan circule entre les mains de plusieurs femmes ayant assemblé les couleurs du drapeau français avec de nombreuses pièces textiles, impulsé par l'artiste Maya-Ines Touam. Alors que les partis nationalistes du monde entier veulent renforcer les cloisons entre les pays, l’exposition Chaque vie est une histoire au Palais de la Porte Dorée tape dans le mille : pourquoi migrons-nous, et qui sommes-nous au juste ?
Détourner, déformer, détromper : quoi de plus ludique que le remaniement des films du passé, toutes provenances confondues, pour conserver sa bonne santé critique ? En guise d’initiation, le centre d’art corse fouille dans plus de quarante ans de « found footage », cette pratique fondatrice de l’art vidéo. Histoire d’ouvrir l’œil, et le bon.
Comment immiscer la création contemporaine dans des collections patrimoniales bien gardées ? Le Palais de la Porte Dorée, c’est un monument aux murs chargés d’histoire qui abrite le Musée national de l’histoire de l’immigration et un Aquarium tropical. Un lieu qui a changé de nom et d’identité successivement depuis sa construction à l’occasion de l'Exposition coloniale internationale de 1931. Cette saison, le Palais invite 13 artistes à investir ses espaces historiques avec des œuvres inédites inspirées des récits de celles et ceux qui l’habitent. Dans un dialogue entre art, architecture et histoire, ils et elles font parler les murs, donnent la voix aux anonymes, sondent l’esprit des lieux et conversent avec ses fantômes. Balade et rencontre avec cinq artistes invités.
Un simple mot écrit dans de la soie peut être aussi violent qu’un pieu dans le ventre, tant il peut libérer une histoire cruelle enfouie dans les mémoires. Attentive aux propriétés des matériaux qu’elle utilise, Myriam Mihindou révèle les cicatrices de la colonisation, encore bien vivaces, dans le corps social. Son exposition au Palais de Tokyo, Praesentia, se veut une méditation réparatrice : pour soigner, il faut d’abord prendre conscience de la blessure.
Le foutoir écologique engendré par les humains touche un point de non-retour. Mais pas question de moisir sur ce constat alarmiste. À La Terrasse de Nanterre, le duo d’artistes Julie C. Fortier et Gabrielle Herveet rétablit les ponts entre les espèces. Même si le chemin pour nous allier au végétal peut être long et sinueux, il faudra lâcher prise sur nos sens pour le percevoir.