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Scènes
Des communautés qui se forment en pleines montagnes autour du mouvement libre dans les années 1920 en Allemagne ou en Suisse – on appelait cela la « Réforme de la vie ». Des hippies, des hommes d’affaires, des danseurs amateurs ou pro, se livrant à des rituels dansés ou performés dans la pampa californienne à la fin des années 1960 – les Ten myths d’Anna Halprin. Des danseuses qui se produisent à l’usine pour des ouvriers en grève dans les années 1930 aux États-Unis. Tout cela a bien eu lieu, mais il y a longtemps. La chercheuse Annie Suquet a fouillé dans les archives des arts chorégraphiques pour recomposer ces moments de friction entre danse de création et société, qui peuvent sembler inouïs aux dociles spectateurs du XXIème que nous sommes. Les 6 et 13 avril au Palais de Tokyo, deux conférences les restituent en image et en paroles dans le cadre du temps fort plan D. Histoire, qui sait, d’inspirer à certains de nouveaux foyers d’expérimentations populaires ?
Le Centre national de la danse fait peau neuve et en attendant, il s'associe avec le Palais de Tokyo pour proposer une programmation riche, laissant libre place aux émergences. Mouvement a fait sa sélection.
Quatre figures fantomatiques errent sur le pont d’un navire négrier bricolé avec des chaises en plastique. Un corps maquillé de noir gît sur un autel. La danseuse et chorégraphe Betty Tchomanga soigne ses images : abstraites, souterraines, de celles qui attrapent les viscères et se glissent sous la peau. Celles-ci sont autant de jalons de sa quête personnelle. Enfant de Charente-Maritime, elle part à dix-huit ans à la recherche de ses racines camerounaises. Ce premier voyage, suivi de nombreux autres, marque le début d’un cycle. Depuis, la chorégraphe – longtemps interprète pour Marlene Monteiro Freitas, Emmanuelle Huynh ou Nina Santes – s’évertue à représenter sur scène l’histoire coloniale qui lie l’Occident à l’Afrique, à travers la figure vaudou de Mami Wata (Mascarades) ou celle du navire-monde (Leçons de Ténèbres). Face à l’époque qui se radicalise, la metteuse en scène abandonne l’ambiguïté des images pour les mots. Avec sa dernière création, une série de portraits intitulée Histoire(s) Décoloniale(s), elle investit les salles de classe, portée par son envie de transmission. Rencontre à Brest, le port industriel dans le dos et l’océan sous les yeux.
Avec le balai, on ne fait pas que le ménage : on devient sorcière. La Sri Lankaise Venuri Perera et la Philippine Eisa Jocson détournent l’ustensile domestique comme levier de résistance pour dénoncer l’exploitation ménagère.
Le personnage de Pouchkine serait-il un archétype de la masculinité toxique ? Son piètre destin est magnifié par la mise en scène équilibrée de Julien Chavaz dans l’adaptation finement stylisée qu’il en donne à l’Opéra de Lorraine.
Et si la planète nous réglait notre compte une bonne fois pour toutes ? Les Belges de la Compagnie Still Life l’envisagent dans un théâtre à sketchs muets, parodie des incohérences humaines au cœur d’une nature prête à imploser.
Les Anglais ont le bell end, en France on a le connard. Avec humour et un certain talent de ventriloquie, Mathilde Invernon et Arianna Camilli tournent cette figure patriarcale ancestrale en bouffon carnavalesque dans une performance acerbe.
Peut-on encore accueillir des mômes dans un monde qui va à vau-l’eau ? Avec les sous-bois brumeux de sa forêt natale en toile de fond, Guillaume Cayet, vieil enfant et jeune papa, lance un trio de comédien·nes sur la piste d’une clairière habitable.
D’un côté, Nach, chorégraphe française qui a participé à l’importation du krump – dance de battle ultra rapide née à Los Angeles au début des années 2000 – sur nos scènes. De l’autre, les solistes de l’Ensemble intercontemporain. À la Philharmonie, pour le temps d'une soirée, les deux univers entrent en conversation. Rencontre avec la danseuse qui, après s'être nourrie du butō et du flamenco, continue son exploration des mouvements contemporains.