
Que se passe-t-il quand on se met à crier ? Flora Détraz s’est posé la question dans HURLULA, dérive chorégraphique et sonore sur le cri. Avec son univers délirant qui explose dans toutes les directions, la performeuse déborde, sort des cadres d’une féminité qui cultive la douceur et où le cri est un interdit.

Flic, officier, formateur en hôtellerie : dès ses premiers textes, Sonia Chiambretto a croqué avec sarcasme des figures d’autorité. Sa poésie politique, ultra-rythmée, est pensée pour être lue avec l’aplomb qu’il faut pour changer le monde. Performés, mis en scène par des chorégraphes ou des dramaturges comme Rachid Ouramdane, ses textes sont habités par les témoignages de celles et ceux qu’elle rencontre. Dans Oasis Love, cinq jeunes de quartiers populaires courent après l’amour et tentent d’échapper à la police. Avec cette nouvelle pièce composite, l’auteure devient metteure en scène.

Tombée dans la danse à quatorze ans, Nadia Beugré n’a jamais décroché. À 42 ans, elle assume plus que jamais sa gouaille et son goût entretenu pour le métissage des influences. En une dizaine de créations, la chorégraphe s’est imposée dans le paysage européen sans tourner le dos à la Côte d’Ivoire dont elle est originaire. Alors qu’elle présente Prophétique (on est déjà né.es) et Filles-Pétroles, diptyque sans compromis tendu à la société qui l’a vue naître, le festival d’Automne à Paris consacre un portrait à l’artiste insoumise.

Danse contemporaine et champignons. À première vue, le mélange ne semble pas aller de soi. Pourtant, c’est précisément cette symbiose que provoque le chorégraphe grec Christos Papadopoulos. Conçue avec et pour le ballet de l’Opéra de Lyon, sa très attendue création Mycelium relève le défi avec dextérité, jusqu’au vertige.

Le public européen l’a découverte avec le solo Cutless Spring (2019), exploration frontale et sans faux-semblants de sa propre sexualité. Sans rien lâcher de sa gestuelle nerveuse et pantomimique, la chorégraphe et performeuse canadienne Dana Michel quitte pour un temps les boîtes noires et présente MIKE, laboratoire d’attention tout terrain construit à la façon de l’Oulipo. Trois heures durant, l’artiste en pantin mutique déambule entre bobines de rallonge, portants utilitaires et bibelots soigneusement chinés, livrant un hommage pudique aux invisibles de la société de service autant qu’une ode à l’empathie volontaire.