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Scènes
Inspirés d’un conte persan, le duo tchèque des Frères Forman imagine une fable intrigante autour de la quête initiatique d’un roi disparu.
Longtemps, les queers se sont réfugiés dans le show – pour manger comme pour se montrer. Le tandem suisse Igor Cardellini et Tomas Gonzalez leur rend justice dans un dark cabaret sur les enjeux de la visibilité minoritaire. Une orgie plastique et militante qui n’a jamais peur d’en faire trop.
Les arts lyriques peuvent-ils porter la lutte ouvrière ? S’inspirant de faits réels déjà transposés à l’écran et à la scène, la metteuse en scène Pauline Bayle s’y essaye avec une grande maîtrise dans 7 minutes, réunion syndicale sur une réduction de temps pause. Seulement : représenter l’injustice suffit-il toujours ?
Idéal de bonté et de bienveillance dans l’Islam, Ihsane est aussi le prénom d’Ihsane Jarfi, jeune belge d’origine marocaine brutalement assassiné en 2012 à cause de son homosexualité. Des signes contraires dont Sidi Larbi Cherkaoui se saisit pour aborder la complexité de son identité à la fois flamande, queer et arabe, cherchant ses racines marocaines entre pays fantasmé et mémoire contrariée. Un ballet comme une suite de tableaux où l’imaginaire comble les trous de l’histoire intime.
Les plus belles relations sont à portée de main à condition d’aborder son·a voisin·e. C’est ce que prône la chorégraphe Mellina Boubetra dans sa première création Intro. Cinq interprètes y mêlent hip-hop et contemporain à la recherche d’une langue commune.
La nature bouge, mais comment ? Sans l’imiter, Christos Papadopoulos, chorégraphe grec en vue, en saisit le rythme et les ondulations dans une pièce subtilement anxiogène.
Des communautés qui se forment en pleines montagnes autour du mouvement libre dans les années 1920 en Allemagne ou en Suisse – on appelait cela la « Réforme de la vie ». Des hippies, des hommes d’affaires, des danseurs amateurs ou pro, se livrant à des rituels dansés ou performés dans la pampa californienne à la fin des années 1960 – les Ten myths d’Anna Halprin. Des danseuses qui se produisent à l’usine pour des ouvriers en grève dans les années 1930 aux États-Unis. Tout cela a bien eu lieu, mais il y a longtemps. La chercheuse Annie Suquet a fouillé dans les archives des arts chorégraphiques pour recomposer ces moments de friction entre danse de création et société, qui peuvent sembler inouïs aux dociles spectateurs du XXIème que nous sommes. Les 6 et 13 avril au Palais de Tokyo, deux conférences les restituent en image et en paroles dans le cadre du temps fort plan D. Histoire, qui sait, d’inspirer à certains de nouveaux foyers d’expérimentations populaires ?
Le Centre national de la danse entame sa période hors-les-murs à l'approche des travaux de rénovation de ses façades. Le temps de faire peau neuve, il s'associe avec le Palais de Tokyo pour proposer une programmation riche, laissant libre place aux émergences. Mouvement a fait sa sélection.
Quatre figures fantomatiques errent sur le pont d’un navire négrier bricolé avec des chaises en plastique. Un corps maquillé de noir gît sur un autel. La danseuse et chorégraphe Betty Tchomanga soigne ses images : abstraites, souterraines, de celles qui attrapent les viscères et se glissent sous la peau. Celles-ci sont autant de jalons de sa quête personnelle. Enfant de Charente-Maritime, elle part à dix-huit ans à la recherche de ses racines camerounaises. Ce premier voyage, suivi de nombreux autres, marque le début d’un cycle. Depuis, la chorégraphe – longtemps interprète pour Marlene Monteiro Freitas, Emmanuelle Huynh ou Nina Santes – s’évertue à représenter sur scène l’histoire coloniale qui lie l’Occident à l’Afrique, à travers la figure vaudou de Mami Wata (Mascarades) ou celle du navire-monde (Leçons de Ténèbres). Face à l’époque qui se radicalise, la metteuse en scène abandonne l’ambiguïté des images pour les mots. Avec sa dernière création, une série de portraits intitulée Histoire(s) Décoloniale(s), elle investit les salles de classe, portée par son envie de transmission. Rencontre à Brest, le port industriel dans le dos et l’océan sous les yeux.