TEL AVIV TERMINUS
TOUS LES FREAKS DESCENDENT

Entre champs et forêts, sept pièces déclinent la polysémie du mot « paysage ». Projet hors-norme conçu par Caroline Barneaud et Stefan Kaegi et porté par le Théâtre Vidy-Lausanne, Paysages partagés nous balade entre nostalgie pour nos jeux d’enfants et profondes réflexions sur nos liens à la nature à l’heure de la sixième extinction de masse.

Enterré avec le covid, le spectacle en distanciel ? Par pour le Hollandais Dries Verhoeven ni pour le Spring Festival d’Utrecht. Le livestream s’avère le médium de choix de My Dear Beloved Friend, pantomime amer mais salutaire sur les archétypes en vigueur entre Occident et « Tiers-Monde ». En direct du Nigéria, dans nos salles en Europe.

Dans Las Vanitas, la compagnie suisse Chris Cadillac suspend et crashe à l’infini notre incrédulité dans une performance au bord de l’hallucination collective. Comment croire à la fois en soi-même, en les autres et en ce qui nous entoure ?

Avec l’exposition Is something missing ?, confiée aux fondatrices du collectif d’artistes-curatrices MOTHER (Emma Passera & Violette Wood), le FRAC Corsica réinvente l’environnement domestique à l‘aune des inquiétudes contemporaines.

Les sites porno ont bon dos lorsqu’il s’agit de traquer l’hyper-sexualisation des ados. Par la fenêtre des jeux vidéos en ligne, Marion Siéfert étend l’enquête au-delà des plateformes sociales, depuis les schèmes iconiques de la culture mainstream jusqu’aux petites blagues de darons à l’apéro.

Dans les années 1990, à Marseille, un groupe de gens fout le bordel dans le milieu de la poésie. L’un d’entre eux, Julien Blaine, nommé adjoint à la culture, fonde le centre international de poésie ; Christophe Tarkos et Nathalie Quintane, encore tout jeunes, bousculent les façons de faire et les frontières du genre. Cette génération-là est en passe de devenir académique. Trente ans plus tard, que reste-t-il de cet écosystème esthétique et politique ?

Le seul qui reconnaîtrait à coup sûr François Chaignaud sur scène, c’est Mirum, son inséparable chien. Pour le commun des mortels, c’est plus compliqué. Du cabaret au butô, du dance-hall jamaïcain aux chants grégoriens, le chorégraphe ne cesse de voyager dans le temps et l’espace pour explorer différentes versions de lui-même. Avec Tumulus, c’est la première fois qu’il ne sera pas l’interprète de sa pièce, créée en collaboration avec Geoffroy Jourdain, directeur de l’ensemble musical Les Cris de Paris. Avant de s’attaquer au festival d’Avignon, une équipée de 13 danseurs-chanteurs se baladent joyeusement sur le plateau de Bonlieu, la scène nationale d’Annecy, transformé en colline verdoyante : ils y chantent des polyphonies religieuses de la Renaissance ou celles des aborigènes Bunun de Taïwan. Ici, pas de prières. La spiritualité passe par le corps, l’effort quotidien de rester poreux et pénétrable à toutes les influences. Faire la preuve, par la danse, que nous ne sommes pas des êtres tout à fait finis.

Face à une crise profonde et d’une ampleur inédite, les étudiant·es et personnels des écoles d’art et design sont mobilisé·es depuis plusieurs mois avec le soutien d'autres travailleur·euses de l'art uni·es dans un écosystème continu et trop souvent exposé·es à une même précarité.

La nostalgie doit-elle nécessairement nous obliger à regarder vers le passé ? Le temps d’une virée dans les allées d’un authentique parking souterrain, la chorégraphe et musicienne Katerina Andreou brandit le souvenir comme une arme de résistance active pour affronter les tempêtes à venir.

Peut-on trop aimer ? Beaking the waves appartient à la trilogie Cœur d’or, groupement de trois films de Lars von Trier dont les héros trop bons finissent broyés par la vie. L’opéra de l’américaine Missy Mazzoli (monté à Philadelphie en 2017) apporte un peu de chaleur à l’univers impitoyable du réalisateur danois.

Que cache la contemplation du quotidien chez le Thaïlandais Wichaya Artamat ? L’ascendant d’une dictature sur l’intimité et les fissures pour lui échapper. Dans une pesanteur toute filmique, Baan Cult, Muang Cult infiltre la psyché d’une société entière par la petite porte.

Réfractaire au formatage et aux classifications de genres, le Festival du moyen-métrage de Brive célébrait cette année sa 20eme édition dans l’allégresse. Contrecoup des années covid, la tonalité des films était à contrario plutôt morose, traversée par les motifs récurrents du deuil impossible, des rendez-vous manqués et des fantômes d’amours passées. À moins qu’il ne s’agisse de leur résurrection ?

Avant de présenter son Histoire(s) du théâtre au festival d’Avignon, la metteure en scène et scénographe Miet Warlop recrée l’une de ses premières pièces, cette fois réinvestie dans un spectacle-installation. Depuis l’ambiance animiste d’une scène en carton-pâte, After All Springville donne un sens on ne peut plus littéral au « théâtre d’objets ».

Avec Loro-loroning actunggal, Amalia Laurent révèle les troublantes ressemblances entre liturgie occidentale chrétienne et holisme javanais, pour nous rappeler que toutes les civilisations sont habitées par le même fantôme, celui d’une pratique spirituelle de l’art.
Y'A LE PIANO QUI GÊNES
LE GLYPHOSATE, LA DYNAMITE ET UN BALLON DE CARIGNAN
ENQUÊTE DANS LES VIGNES DU MIDI ROUGE

Salto, saut périlleux, crise de vertige et voltige à cinq mètres du sol : dans une forme athlétique, les deux acrobates de La Volte-Cirque invitent leur public à passer une tête dans les coulisses de la pratique circassienne.

Un personnage déclassé et boulimique zone dans les allées des centres commerciaux à la recherche de lien social, porté par ses pulsions et ses frustrations. Valérian Guillaume met en scène son premier roman, Nul si découvert, avec sobriété pour laisser toute la place à un monologue difforme et glouton qui met à nu un monde sans pitié.

Ni la pluie de restrictions sanitaires, ni la délicate distribution de 15 jeunes circassien.ne.s n’auront dissuadé Raphaëlle Boitel d’accepter la mise en scène du spectacle de fin d’études du CNAC. Avec Le cycle de l’absurde, l’ancienne contorsionniste tord le cou à la morosité de saison et propulse la 32e promotion de la prestigieuse école dans un bain de lumière chauffé à l’énergie collective.

Naïf, le cirque ? Dans la convivialité d’un chapiteau aux allures de microcosme, Un loup pour l’Homme coupe court au débat : avec Dans l’Espace, la compagnie circassienne aborde rien de moins que l’anthropocène par l’extrême sobriété d’acrobaties à haute portée métaphorique.

Alors que le débat sur le « iel » repose la question d’une langue capable d’accueillir les évolutions sociétales, le metteur en scène Salim Djaferi prétexte l’enquête linguistique pour remonter le fil de l’histoire franco-algérienne.

Dénonçant le totalitarisme en exacerbant ses méthodes de lavage de cerveau, la performance multimédia The Third Reich de Romeo Castellucci, récemment présentée au festival Actoral, fait l’effet d’une secousse sismique et laisse le spectateur aussi groggy que perplexe. Épileptiques s’abstenir.

Certains spectacles sont limpides et fluides. Malgré son titre, Cascade, la dernière création de Meg Stuart n’est pas de ceux-là. On n’en attendait pas moins de la chorégraphe américaine qui fait de l’improvisation, du chaos et d’un temps qu’elle imagine élastique, sa matière première. Dans un univers galactique signé Philippe Quesne, sept danseurs se débattent avec une réalité instable, des réactions en chaîne et des échecs, laissant une perpétuelle impression de faillite et de régénération.

Figure montante de l’avant-garde flamande, Benjamin Abel Meirhaeghe impose son opéra hétéroclite sur la scène contemporaine. Après le cabaret rétro-futuriste A Revue, le jeune metteur en scène dépoussière les Madrigaux de Monteverdi dans une ode à la solidarité et à la liberté des corps.
VOYAGE EN TERRE FURRY
30 MILLIONS D'AMIS
PAUL B. PRECIADO
« UNE LUTTE POLITIQUE EST NÉCESSAIREMENT POÉTIQUE »
Les doubles de l'artiste
LES PETITES MAINS DERRIÈRE LA GRANDE SIGNATURE