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Société
En 2004, Faïza Guène casse la baraque avec Kiffe kiffe demain, satire à la première personne de la vie en cité et de la ségrégation sociale. 20 ans après ce succès de librairie et six livres plus tard, l’autrice a fui le rayon « littérature urbaine » auquel le monde du livre la cantonnait. Dans Kiffe kiffe hier ?, l’héroïne de son premier roman est de retour : alors, la France, elle a changé ?
Littérature
En français, on a pris l’habitude d’appeler improprement dièze le symbole précédant les hashtags, ces trend-topics qui alimentent le débat médiatique. Mais on a aussi importé du nouchi, l’argot d’Abidjan, le mot djèze, qui se prononce pareil et qui veut dire affaire. À mi-chemin entre le bruit du monde et les mots des gens, cette chronique trace sa route dans ce qui nous occupe.
Les Vilaines. Avec le titre de ce premier roman, aujourd’hui traduit dans une vingtaine de langues, Camila Sosa Villada affichait d’emblée l’horizon hardi de son œuvre. Dans un parc de la ville argentine de Córdoba – région d’où l’autrice est originaire et vit encore aujourd’hui – une bande de femmes trans survit en se prostituant. Malgré leurs grandes gueules et leurs liens solidaires, leur quotidien est marqué par l’exclusion sociale et la violence patriarcale. Volontairement contradictoire, farouchement indépendante, irrévérencieuse par nature, Camila Sosa Villada s’épanouit dans l’art de la réinvention. Histoire d’une domestication – son second roman à paraître en France en septembre – nous téléporte dans un univers aux antipodes : une actrice trans, riche et célèbre, mariée à un très bel homme et mère d’un enfant adopté séropositif, se retrouve confrontée à l’étroitesse de ses choix de vie. Le livre vient d’être adapté au cinéma : Camila Sosa Villada, qui est aussi actrice, chanteuse et poétesse, y tient le rôle principal. « Personne n’était mieux placée que moi pour le faire. »
Josep Rafanell i Orra pratique la psychologie depuis 35 ans, en tentant de fabriquer des dehors à l'institution. Un riche instinct : de toute façon, elle prend l’eau. Auteur d’un Petit traité de cosmoanarchisme, le thérapeute s’intéresse au soin, aux liens et aux communs. Il puise dans les expériences occidentales, de l’anarchisme catalan aux communautés paysannes. ZAD pour fous.
Viol conjugal, inceste, nécrophilie : la définition du mot « romantisme » prend un tournant inattendu dans l’imaginaire des adolescentes. Dernière-née d’une esthétique littéraire en décrochage, la Dark Romance fait des émules sur TikTok et bouleverse le secteur de l’édition. Un business aussi lucratif que problématique à l’assaut de la génération post-#MeToo.
C’est tous les ans au mois de novembre : à Saint-Germain-des-Prés, les amis de Pascal Bruckner attribuent le prix Goncourt entre le homard et le gibier ; dans le Maine, berceau historique de l’imprimerie française, les rotatives se mettent à cahoter. Remporter un prix littéraire peut sauver le bilan d’une année. Va y avoir de la gloire, ou du mouvement social. Il y a un an, Mouvement était sur les starting-blocks chez Floch et Brodard & Taupin, à guetter la fumée blanche du monde des livres.
En 1995, Mariana Enríquez avait 22 ans et publiait un premier roman sauvage – une histoire de drogues, d’amour et d’autodestruction dans le Buenos Aires nocturne et débridé des années post-dictature. Des motifs qui n’ont jamais quitté son œuvre, mais qu’elle déplace au gré de ses livres, à la frontière de l’hyperréalisme, de l’horreur et du mysticisme. Journaliste, rédactrice en chef culture au quotidien de gauche Pagina 12, passionnée de football, de fandoms, de cimetières, de Nick Cave et de luttes féministes, Mariana Enríquez est comme le passe-muraille : sa littérature semble dotée d’une clairvoyance qui déshabille tous les tabous et fait parler les non-dits des sociétés latino-américaines. Après Notre part de nuit en 2021, roman monstre qui suit un jeune médium en lutte contre des forces occultes dans l’Argentine de la seconde moitié du XXe siècle, les Éditions du sous-sol poursuivent la traduction française de son œuvre avec la parution des Dangers de fumer au lit. Un recueil de douze nouvelles traversées par des adolescentes maléfiques, des femmes hantées par la disgrâce, des familles cernées par la peur et des enfants revenus des limbes. Glaçant et génial.
En français, on a pris l’habitude d’appeler improprement dièze le symbole précédant les hashtags, ces trend-topics qui alimentent le débat médiatique. Mais on a aussi importé du nouchi, l’argot d’Abidjan, le mot djèze, qui se prononce pareil et qui veut dire affaire. À mi-chemin entre le bruit du monde et les mots des gens, cette nouvelle chronique trace sa route dans ce qui nous occupe.