Un entretien extrait du n°127 de Mouvement
Votre film semble obéir à un surrégime constant, comme un entrechoc d’images et de sons.
Vous connaissez la fameuse question : « Que feriez-vous s’il ne vous restait que quelques jours à vivre ? » Eh bien au moment du tournage, chaque jour semblait être le dernier, il régnait une atmosphère de fin du monde. C’était donc nécessaire de tout mettre au même niveau – images, musiques, sons. C’est comme la palette d’un peintre. Un cinéaste ne peut pas se restreindre, le cinéma est une imitation de la vie. Dans ce film, chaque son, chaque détail compte. Même dans l’horreur, tout devait être sublimé. La mise en scène traduit cette voracité, une volonté délibérée de trop-plein. Je voulais capturer Tel Aviv avant que sa capacité d’exister ne soit altérée : les arbres encore verts, la mer toujours belle, le coucher du soleil intact. Je pressentais que je ne pourrais plus tourner en Israël après ce film. Un simple jus d’orange, chaque vendeur de rue, tout devenait indispensa

