« À Douarnenez, c’est la guerre des antitout toute l’année, mais alors les antitout aux Gras c’est VRAIMENT la guerre. » Il est 18 heures sur le port du Rosmeur. C’est le deuxième jour des Gras, le dernier carnaval de l’Ouest avant l’Amérique. « Laissez-moi danser » de Dalida joue dans un bar voisin. Trois jeunes maquillés comme des vieilles promènent un caniche en bois le long de la jetée. Les hommes sont travestis en femmes avec plus ou moins de succès. Il y a aussi un pirate en « blackface » mais son style est nettement plus démodé. Nous sommes avec les habitant·es du Presbytère, un lieu collectif de centre-ville fondé il y a quelques années. Certain·es sont du coin, d’autres viennent de plus loin. Ils et elles sont jeunes et gauchistes, tendance intersectionnelle – jusque-là rien de plus sain. Mais leur présence en ville ne passe pas inaperçue. L’association des commerçants les surnomme
En 2022, le carnaval de Douarnenez s’est fait remonter les bretelles, à cause des coiffes de chef indien et de Michel Sardou. Un signe des temps. Sauf que dans le port breton, c’est vite parti en noms d’oiseaux : la jeunesse déconstruite fait la leçon aux autochtones dans son langage abscons ; la frange réactionnaire poursuit les gauchistes jusqu’à devant leur porte. Les habitants sont un peu excédés. Ils en ont gros sur la patate. Virée nocturne aux Gras, où le déguisement est une affaire sérieuse.
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