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Meloni déteste les migrants et les homosexuels, Nerona fait la chasse aux « déviants ». La première est un phénomène politico-médiatique, la seconde écume les plateaux télé. Hélène Frappat ne s’en cache pas : l’héroïne de son nouveau roman est très fortement inspirée de la Première ministre d’extrême droite. D’origine corso-italienne, la philosophe et romancière trace un chemin bien à elle dans le monde des lettres. « J’ai eu l’ENS sans apprendre mes définitions », nargue-t-elle dans sa cuisine, entre les livres et sa collection de cafetières. Depuis 25 ans, elle écrit sur le cinéma et ses démons, les réalisateur·ices féministes et les plus abusifs, les actrices brisées par Hollywood et celles qui résistent. En 2023, paraît son essai Le Gaslighting ou l’art de faire taire les femmes. Elle y décortique la manipulation exercée par les hommes dans l’intimité du couple et étend son analyse au langage des politiciens. Un chapitre est dédié à son Italie chérie, nation où l’on forge un fascisme de pointe. Pour cette rentrée littéraire, Hélène Frappat passe de la théorie à la fiction avec l’aisance qu’on lui connaît, et règle ses comptes avec le phénomène Meloni. Résultat : Nerona, un roman inondé par la pensée délirante d’une dirigeante paranoïaque et mythomane. À tel point qu’on en rit aux éclats. À l’écrit comme dans la vie, l’autrice cultive son sens de l’ironie dans un débit presque ininterrompu. Elle maîtrise l’art de la formule et se censure peu. Dans son cou, un piment napolitain la protège du mauvais œil. « Ce livre va m’attirer des ennuis, je le sens. »

Un entretien extrait du n°127 de Mouvement



En 2024, le Festival della Mente, un rendez-vous de philosophie en Ligurie, vous avait invité pour présenter votre livre sur le gaslighting, dont l’un des chapitres est dédié à Giorgia Meloni. Les organisateurs ont finalement annulé votre venue. Votre nouveau livre est-il une revanche ?


Je ne sais pas si l’on peut se venger avec un livre mais j’ai été très affectée par cette décision, à tel point que j’en faisais des cauchemars. Meloni me visitait dans mes rêves. Mais le plus grave dans cette histoire, c’est l’autocensure : il n’y a plus besoin de demander à l’opposition d’obéir, elle obéit par elle-même. Le festival m’a d’abord explicitement demandé de ne pas citer Giorgia Meloni, ce que j’ai feint d’accepter, à contrecœur. Trois jours avant mon arrivée, un article est paru dans le Corriere della Sera à mon sujet, me présentant comme une opposante française au gouvernement italien. Alors, le

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