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Un double portrait en pied. Dans le premier, Jean-Yves, prêtre, pose entre l’autel et les cierges dans sa paroisse de Bègles, jambes de pantalon en accordéon et chemise jaune boutonnée de justesse. Ces vêtements ordinaires, devenus costume, sont en réalité ceux de l’artiste, Mickaël Phelippeau. Un second cliché, associé en miroir, présente cette fois l’artiste dans la tenue cléricale, coupée en 7/8ème sur le corps élancé du chorégraphe. Depuis 2003, Mickaël Phelippeau multiplie ces « bi-portraits » avec les boulangers, prêtres, restaurateurs, artistes ou footballeurs qu’il rencontre par hasard ou par entremise préméditée. Le temps d’une exposition, le centre d’art de La Terrasse à Nanterre met à l’honneur cette somme de dialogues figés sur pellicule.


bi-portrait Bernard R. / Quimper / 2013 © Mickaël Phelippeau


Formé aux arts plastiques, Mickaël Phelippeau s’est pourtant affirmé dans la danse, sans que le médium photographique ne disparaisse de sa pratique. Plus qu’un projet, l’artiste préfère qualifier ses « bi-portraits » de démarche, par laquelle il poursuit sa quête d’altérités singulières – ailleurs, loin de son champ artistique, dans d’autres cercles socio-professionnels. Footballeuses, artistes, personnel des théâtres… Lancé à l’aube des années 2000, le projet ne cesse de s’étoffer depuis. Certaines rencontres dépassent le cadre de l’objectif et poussent Phelippeau à reprendre sa casquette de chorégraphe et remodeler ces photos en biographies dansées sur scène. Quelles représentations pour le corps au travail, de la photo au plateau ? Le duo De Françoise à Alice est à la fois la rencontre de deux danseuses, d’une mère et d’une fille, et d’un corps dit valide et d’un autre porteur de Trisomie 21. À l’image comme en mouvement, ces deux identités nous disent : « Nous sommes différentes, comme tout le monde. »


Retour aux clichés de Phelippeau. Ici, le fil rouge est d’un jaune poussin, couleur fétiche de l’artiste, en hommage à son père fan de l’équipe de foot des Canaris. Une couleur devenue une partie importante de son identité, et qui teinte les vêtements et les accessoires qu’il prête à ses protagonistes le temps de la pose. Par ce liant aux tons chauds, l’artiste détoure les visages des ancrages sociaux, assignations textiles et boulets de préjugés. Ne restent plus que des sujets qui nous adressent un « je » les yeux dans les yeux, pendant que Mickaël Phelippeau s’efface sous les couches de symboles et préjugés imprégnés dans un uniforme, un jogging à strass ou une jupe longue. Dans ce miroir des identités, un trouble s’immisce au gré des jeux de rôle et des mises en scènes in situ : en fin de compte, l’habit ferait-il bel et bien le moine ?



DUO, naissance du collectif, exposition collective

jusqu’au 23 décembre à La Terrasse - Espace d'art, Nanterre, dans le cadre de Faire Corps


Juste Heddy de Mickaël Phelippeau

⇢ le 30 novembre à la Maison de la Musique de Nanterre


Lou de Mickaël Phelippeau

⇢ le 8 mars 2024 à la Maison de la Musique de Nanterre

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