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Dès l’entrée du public dans la salle, c’est clair : le quatrième mur n’est pas au rendez-vous, ça sera l’immersion sinon rien. Catol Teixeira accueille les spectateurs un par un. La foule est invitée à composer un tableau mouvant, nébuleux. Le danseur reconfigure constamment l’espace, et donc la foule. Par des déplacements d’abord et des postures ensuite. Celles-ci sont éphémères, juste le temps d’un regard, bien dans les yeux du spectateur. Un corps trans nous regarde. Il pousse le corps collectif à se positionner, à se regarder. Le tout sous d’agressives lumières de service. Voilà pour la confrontation introductive. 

 

Création d’étude du danseur-chorégraphe, La peau entre les doigts se donne comme une expérience de courte durée mais solidement construite. Accueil, préparation, traversée, célébration puis incantation gutturale de l’au-delà : le programme est précis. Sans crier gare, les lumières virent au rouge et la danse à la dissociation des membres – pour Catol seulement cette fois-ci, le public n’est plus convié. Le haut de son corps joue des décalages de contour. Impossible de jauger si sa présence est humaine ou hybride. Elle est queer en tout cas et active la danse dans les interstices entre présent et souvenirs, force et tendresse. Catol Teixeira performe seul mais n’est jamais seul : il convoque avec lui des présences mémoires. 

 

Attiré par la mémoire somatique comme par la porosité des techniques, à la croisée du cirque et du ballet classique, Catol Texeira est un artiste non-binaire de Porto Alegre au Brésil, exilé en Suisse. La peau entre les doigts inaugure un parcours fort de déjà quatre pièces à son répertoire. Par la danse, il négocie avec ses assignations pour reconquérir son propre corps. Il n’enferme ni la forme ni le motif et explore une identité mouvante dans un corps agissant comme une archive politique vivante. Et ça se passe parfois dans des zones discrètes, miniatures : comme la peau entre les doigts, donc.  



La peau entre les doigts de Catol Teixeira, les 4 et 5 avril dans le cadre des Inaccoutumés à la Ménagerie de Verre, Paris

 

le 12 mai dans le cadre du Festival Passages, Metz, et du Centre Culturel Suisse Tour à Pompidou Metz

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