Comment le médium de la vidéo s’est-il imposé dans votre travail ?
J’ai commencé à utiliser la vidéo dans mes projets dès le milieu des années 1990. À l'époque, tout le monde utilisait des projections sur scène pour économiser sur le budget scénographie. Aujourd’hui, les caméras font partie intégrante de notre vie quotidienne, les smartphones en ont même fait une extension de nous-mêmes. Nos interprètes ont non seulement appris à jouer devant la caméra, mais aussi à jouer avec les projections réalisées en direct. La vidéo est une fenêtre sur le micro ou le macrocosme, elle peut devenir un arrière-plan émotionnel ou un environnement visuel : la virtualité et la réalité ne font plus qu’un.
Au sein de votre pratique multidisciplinaire, il y a une constante : l’impact des technologies. Que tirez-vous du progrès technique ?
Certaines questions politiques ne vous lâchent pas, elles collent à la peau. Qu'adviendra-t-il de notre corps dans un avenir proche ? Comment les nouveaux médias nous affectent-ils ? C'est la même chose pour les sources d'inspiration, avec le temps, on sait où les chercher.
La performance Video Paintings est conçue comme un parcours déambulatoire, à la découverte de différents solos, filmés avec une caméra fixe. Comment choisissez-vous les espaces où sont filmés chaque tableau ?
Nous partons à la recherche d'environnements dans les zones urbaines et rurales. Les danseur.euses choisissent souvent le lieu et le solo qu’ils souhaitent danser, puis l'adaptent à l’espace. Seule consigne : chaque image doit rappeler la peinture classique. Nous avons accumulé beaucoup de matériaux, mais chaque nouvelle vidéo révèle encore une architecture inédite. Le plus excitant selon moi est le contraste entre le corps en mouvement et l'architecture rigide, les couleurs de la ville ou les scènes de la vie quotidienne en arrière-plan.
Nous retrouvons certains des « personnages » de Stand-Alones dans votre nouvelle création Living in Funny Eternity _ L.I.F.E. Concevez-vous vos pièces comme un réseau interdépendant ?
Il arrive souvent qu'une pièce émerge d'une autre parce que le sujet est trop vaste pour être traité en une seule création et que certains personnages méritent d’être développés dans un nouveau contexte. D’une pièce à l’autre, les mêmes « figures » se voient offrir de nouveaux défis, un autre environnement, d’autres homologues, un problème inédit à résoudre. Ainsi mes personnages se métamorphosent continuellement.
Pourtant, il y a du nouveau dans Liquid Loft : la musique live.
Aujourd’hui, nous sommes submergés par des images en mouvement sur écran et l'aliénation par l'intelligence artificielle arrive à grands pas. Dernièrement j'ai assisté au concert d’un groupe de rock expérimental et j’ai été frappé. J’avais presque oublié qu’il suffisait de monter sur scène avec de simples instruments pour créer un univers à partir de rien. J’ai eu envie de me rapprocher de cette sensation. Jouer avec un groupe de musique live ajoute une nouvelle donnée aux projections vidéo, une dimension vivante comme la danse.
Video-Paintings de Chris Haring
⇢ du 5 octobre au 11 janvier au CCAM, Vandœuvre-lès-Nancy
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