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Elle débarque comme une furie en costume de t-rex gonflable sur scène, sur une musique grandiloquente. Dans Edmonde ou autres saints, elle se faisait hagiographe des réseaux sociaux, dans MMDCD elle s’inspirait des vanités. Pour cette nouvelle création, Je vois, venant de la mer, une bête monte, Christine Armanger croise à nouveau des images du passé et du présent, pour digresser cette fois-ci sur l’apocalypse. Son one-woman-show désordonné confronte l’Apocalypse selon Saint Jean avec l’angoisse contemporaine de la fin du monde, sur fond de complotisme et d’éco-anxiété.


Sacs Tati, poches plastiques colorées et emballages de plats préparés jonchent le sol, ils constituent son terrain de jeu à elle, enfant tombée dans une malle à déguisements. Ces objets activateurs d’imaginaires convoquent plusieurs figures contemporaines : une professeure de yoga, une complotiste et une survivaliste armée d’une ceinture de bouteilles en plastique. Alors que ces personnages la possèdent tour à tour, surgissent des motifs de la Tenture de l'Apocalypse du Duc Louis d’Anjou qu’elle a analysée dans le détail. Les références iconographiques médiévales et bibliques dialoguent ainsi avec des symboles contemporains (comme la voix de Greta Thunberg, qui résonne en prophétesse contemporaine) déversés comme on scrolle sur Tik Tok.


Si ce défilé peut sembler arbitraire à ceux qui n’en maîtrisent pas le référentiel, Christine Armanger veille à tenir la salle en haleine par ses apostrophes au public et ses facéties. Une première partie, plutôt bavarde et comique, laisse la place à des moments de grâce : la performeuse apparaît affublée de capirotes blancs, ces chapeaux coniques portés lors de la semaine sainte à Séville. La tête ornée de ces épines, elle devient inhumaine et danse dans un filet de pêche recyclé, pendu au plafond. Le temps se suspend alors dans un enchantement de lumière et de couleur - après le rire, cet éclat désamorce toutes nos angoisses de fin.


> Je vois, venant de la mer, une bête monte de Christine Armanger les 15 et 17 février 2023 au Théâtre de la Cité Internationale, Paris dans le cadre de Faits d’Hiver

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