Quatre Messieurs, de chics costumes pastel sur les épaules, descendent les marches de marbre du prestigieux musée Jaquemart-André. Dans ce décor précieux, où les bustes et les Vénus abondent, où les portraits en trois quarts d’aristocrates perruqués foisonnent, où les moulures envahissent le moindre recoin, ils ressemblent à des nobles, sortis d’un autre temps. On croirait presque assister aux préparatifs d’une scène de bal façon Pride and Prejudice. Au rez-de-chaussée, Nemanja Radulovic, le violoniste star de cet épisode – cheveux longs et look rock –, les attend, son instrument sous le menton, arche en main, prêt à lancer les festivités.
Contrairement aux apparences, nulle valse en rang d’oignon n’est prévue dans ce nouvel épisode de Paris sur mesure – l’émission d’Arte Concert qui invite musiciens et danseurs à se rencontrer dans des lieux chargés d’histoire. Dès que la musique démarre, les cinq danseurs entament une danse brusque, saccadée, convulsive : les épaules se tordent, les bras se contorsionnent, les poignets roules, jusqu’aux phalanges qui s’emmêlent. Les membres du crew Electro Street, figures majeures de la danse électronique, plus habitués à l’ambiance perchée d’un Climax de Gaspard Noé – où ils apparaissent en danseurs prisonniers de leurs corps sous opiacés – , épousent dans cette vidéo de 31 minutes les rythmes traditionnels de Nemanja Radulovic, quitte à ralentir le pas. Ce dernier, d’origine serbe, joue une musique sans frontières où il mélange les folklores : des chansons des Balkans à écouter en tapant du pied aux sonorités latines du mambo en passant par une berceuse traditionnelle japonaise.
Avec cet opus, Arte Concert brouille les genres et les époques, réveillant avec toute cette agitation les trésors accumulés de cet hôtel particulier, ancienne demeure de deux collectionneurs endurcis, Edouard André et son épouse Nélie Jacquemart.
> Paris sur mesure #5, disponible en ligne.