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Ambiance vert émeraude qui rappelle la comédie musicale à succès Wicked, estrades et piliers en métal enguirlandés d’ampoules, silhouettes sombres portant cagoules et grimages horrifiques : la Delirious Night de Mette Ingvartsen commence comme une Halloween party. Des bonbons ou un sort ? Rapidement, la chorégraphe danoise oublie les enfantillages et bascule du côté obscur. Dans cette atmosphère toute en silence, les neuf interprètes battent leur propre mesure par un clapping de leurs mains, pieds et poitrines dénudées. Au pic du crescendo, l’un prend le relais à la batterie, les autres s’élancent dans un chassé-croisé déstructuré. En manège ou en diagonale, les corps gravitent tels des électrons libres. Un pas en avant, trois pas en arrière : s’ils entrent en collision, c’est pour mieux repartir en sens inverse. Bras et jambes balançant sur leurs trajectoires aléatoires, tous les styles de pas se mélangent : kicks, soubresauts, cancan, catwalk, twerk. Tandis que les uns convoquent l’imaginaire des danses macabres médiévales avec des rondes de masques squelettiques, d’autres imitent à quatre pattes une gestuelle zoomorphique parfois ponctuée de cris animaux – au cas où l’image n’était pas claire.

 

Imaginaire en crise

 

Hélas, tous ces désirs font désordre. Ainsi livrés à leurs fantaisies, les interprètes en roue libre se retrouvent en perte de repères. La scène mute en exutoire où les rires machiavéliques répondent aux larmes de crocodile. La chorégraphie s'autorise tout, il en va de même pour l’univers musical, dans lequel se croisent la litanie désespérée signée Mette Invgartsen ou le brûlot The Rent du duo riot grrrl américain GRLwood sur la précarité des fins de mois. Dans cette playliste The Darkness of Things, chant saturnien a cappella que l'on doit aux Canadiennes de Tasseomancy, intervient comme un intermède apaisant mais incongru. 

 

Face à ces créatures de la nuit, Delirious Night interroge. Pourquoi un tel désoeuvrement chorégraphique ? L’effacement de la chorégraphe serait-il le reflet d’une quête de libération créatrice ? À la lumière de cette nuit, il semble révéler davantage une crise de l’imaginaire. En prenant le délire au pied de la lettre, la chorégraphe a entraîné toute direction artistique dans la confusion. Plus la pièce monte en puissance, plus elle creuse le malaise. 

 

 

 

Delirious Night de Mette Ingvartsen, a été présenté du 7 au 12 juillet dans le cadre du Festival d'Avignon


les 1er et 2 octobre à VIERNULVIER (Gand, Belgique)

⇢  du 9 au 11 octobre dans le cadre du Festival Transforme au Théâtre de la Cité internationale, Paris

 le 18 octobre à La Biennale de Charleroi Danse (Belgique)

⇢  le 13 novembre au Next Festival Teietheater (Deinze, Belgique)

les 22 et 23 janvier 2026 dans le cadre du Festival Transforme à la Comédie de Clermont-Ferrand

les 27 et 28 mars au Quai, Angers

les 31 mars et 1er avril au Lieu Unique, Nantes

le 29 avril au Quartz, Brest

du 3 au 5 juin dans le cadre du Festival Transforme au Théâtre National de Bretagne, Rennes

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