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Un luminaire orange sanguine serpente dans les airs. En fond de scène, un écran géant se teinte de rose ou de parme. Des néons dispersés au sol contrastent avec un vert sauge luminescent. Dans ce décor chatoyant paradent les 6 danseureuses d’Impilo Mapantsula, groupe d’interprète perpétuant le Pantsula, danse contestataire des ghettos de Johannesburg dans les années 1960. Chapeaux en feutre, bottes de cuir qui claquent au sol, chemises à carreaux agitées comme des ailes d’oiseau : est-ce une troupe de cow-boys-danseurs ou de paradisiers en pleine danse nuptiale ? Un peu de tout ça. Ça tape du pied, ça claque des mains, ça tournoie des hanches, ça siffle et ça s’interpelle dans un parler typique du quartier qui vit naître ces gestes chargés d’histoire. Une telle communion, une telle joie, voilà qui est rare. 


TERRE PROMISE


Sur l’écran, un texte raconte la privatisation des ressources, une absurdité chère à l’Occident. Silence ému dans la salle, on pense à tous les spoliés et les exilés, aux quelques millions de palestiniens bombardés et retenus dans les 64 kilomètres carrés de la bande de Gaza. Croisant le destin des cow-boys qui ont servi la conquête du Far West et celui des sudafricains spoliés de leurs terres ancestrales, la pièce creuse notre rapport à la propriété et les zones d’ombre de notre histoire. Qui sait aujourd’hui qu’un cow-boy sur cinq était afro-descendant durant la conquête de l’Ouest ? Presque personne,et pour cause. Ces garçons noirs ont été effacés de l’histoire, tout comme les anciens esclaves d’Afrique du Sud ont été parqués dans des Townships et privés d’accès à la terre. Des pans entiers de nos récits collectifs tombent dans l’oubli et cela n’a rien d’un hasard. 

 

How a falling star lit up the purple sky a plusieurs fins, toutes plus savoureuses les unes que les autres. Toute en répétitions, la chorégraphie écrite par Jeremy Nedd laisse place à la mélancolie et la douleur – ce cow-boy triste sur échasses – mais offre surtout un moment de résilience et de frénésie, allant parfois jusqu’à l’épuisement des corps. Connaît-on une autre façon d’atteindre la félicité ? 


How a falling star lit up the purple sky de Jeremy Need et Impilo Mapantsula a été présenté dans le cadre des Swiss Dance Days à Zurich.

le 7 mars à Points Communs, Cergy-Pontoise

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