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Lorsque le rideau se lève, un homme entre deux âges virevolte dans le silence du plateau. Assis·es sur deux rangées de chaises en bord de scène, dix-huit danseur·euses l’observent avec attention. Leurs vêtements, des monochromes de couleur vive, tranchent avec le noir de lespace scénique, révélant des silhouettes que l’on voit peu sur les plateaux de danse : des corps âgés, à la vulnérabilité assumée, marqués par le temps et les expériences. Au son du déchirant Love me Tender d’Elvis Presley, le groupe se met en mouvement synchronisé. Iels se déplacent en lignes, en cercles ou se dispersent sur le plateau, le regard porté dans des directions différentes. Les traversées se suivent et les gestes se contaminent, transmis de l’un·e à l’autre avec une grande théâtralité. Peu à peu, les personnalités se dévoilent, en duo, trio ou solo. Des singularités émergent de ce groupe à géométrie variable.

 


© Grégoire Delanos



Le dispositif des Lifting est exigeant : monter chaque année un spectacle dans des conditions professionnelles avec un·e chorégraphe invité·e, à raison dune session de travail hebdomadaire. Un processus favorisant la rencontre et les écritures de plateau qui a séduit Thomas Lebrun, féru de collaborations et de transmission. Accompagné par le danseur et chorégraphe Thierry Lafont – qui supervise le groupe à l’année et apparaît sur scène –, il construit son Lifting d’amour à partir de deux pièces existantes : la partition d’actions transmises de Mille et une danses (pour 2021) et la romance radiophonique et dansée Damour. Alternant moments de silence et chansons sentimentales, Lifting d’amour danse sur une ligne de tendresse. Ce ne sont bientôt plus les danseur·euses que l’on voit mais bien la danse en elle-même : le plaisir du mouvement à l’état pur, la joie partagée dun moment d’émotion collective. Délivré·es de la performance, ces amateur·ices désormais aguerri·es transmettent quelque chose de rare : le désir, l’imaginaire qui meuvent les interprètes, trop souvent mis à distance par la maîtrise et la démonstration de compétences. En ressort une pièce humble et vivante nous rappelant qu’il est si beau de voir quelqu’un·e faire du mieux possible ce qu’iel n’est pas censé·e savoir faire.

 


Lifting d’amour de Thomas Lebrun a été présenté les 27 et 28 mai à La Comédie de Clermont-Ferrand

 

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