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Elle est déjà là quand on entre. Cheveux orange vif, cernes pailletées, Pamina de Coulon trône dans une scénographie modeste mais bariolée. Une cascade de tissu bleu, des poufs pour s’avachir, des rochers recyclés d’un spectacle à l’autre, des slogans sur banderole. Honneur au mou donc, qui l’emporte sur le rigide dans le choix des matériaux, mais pas sur Pamina, mise en valeur par ce minimalisme de fortune. Siégeant à hauteur d’auditoire, son exposé improvisé peut commencer. Et chez Pamina, quand la parole est lancée, on ne la retient plus. La respiration est rare, la réflexion toujours vive. Ça va très vite : souvenirs d’enfance, réflexions sur le validisme, sur l’énergie, la violence répressive, l’habitat, la terre, jusqu’à l’eau elle-même ou la colonisation par le tourisme de masse. Une citation du poète Kae Tempest par-ci, une autre de la philosophe activiste Isabelle Stengers par-là, le namedroping est en marche. Ça fuse, ça digresse. Mais de quoi s’agit-il au juste ? Sommes-nous au Speakers Corner de Hyde Park ou devant un vlog ?


C’est du Pamina de Coulon. Des interventions de ce type, cette ancienne de la HEAD à Genève en donne depuis plus de dix ans. Niagara 3000 est le quatrième volet de son cycle Fire of emotions. Un feu d’émotions qu’elle nourrit de recherches scientifiques comme d’anecdotes personnelles, toujours à la première personne. Ces anti-conférences se veulent des « écrins de parole », des invitations à une réflexion collective. Pas de texte pré-écrit, tout se joue en direct, par esprit d’escalier. De la pensée qui se fabrique main, partagée sur le vif. L’adresse est directe mais subtile, jamais surplombante, ni simpliste dans son militantisme.


Utopique comme démarche ? Immensément, mais c’est cela qui retient. Dans un paysage saturé de prises de position faciles, Pamina de Coulon propose une autre voix : celle d’une réflexion individuelle mais documentée, subjective mais humble, par le médium scénique. Parce que lier la culture des fleurs et la pensée de Donna Haraway avec des spectateurs en semi-impro, c’est déjà faire de l’art et de la poésie aux yeux de cette trentenaire idéaliste mais déterminée. À la question « qui parle ? », Pamina semble répondre « moi, et alors ? ». Mais elle est bien entourée !


Niagara 3000 de Pamina Coulon, du 11 au 13 février au festival Les Singulier·es au CENTQUATRE, Paris

le 28 mars à l’ACB, Bar-le-Duc

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