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Cette création a pour cadre le large plateau du Châtelet où cohabitent « enfants atteints de troubles moteurs », pour la plupart très jeunes, accompagnateurs, parents et aides-soignants, danseurs, télé-robots et spectateurs. Dans une certaine mesure, le spectacle est dans la salle, celle-ci étant transférée sur scène. Mais s’agit-il ici de spectacle ? Si tout ce petit monde se côtoie, une partie enfantine reste physiquement hors champ, hospitalisée, pilotant à distance les robots, transmettant images et sons par voie hertzienne. La chorégraphie résulte des mouvements humains sur scène et de ceux de sept écrans mobiles. La notion de télé-mobile relevant de l’oxymore, tant il est vrai que l’écran de télévision était, jusqu’à il y a peu, fixe et supposait que le sujet lui faisant face soit en état de passivité. Dans le cas présent, la télévision, après la téléphonie, s’agite à son tour, prend part à la danse. La chorégraphie d’Éric Minh Cuong Castaing et d’Aloun Marchal, comme la dramaturgie de Marine Relinger, sont discrètes, au sens de la sémiologie, fluides mais pas pour autant minimalistes. On peut en effet distinguer plusieurs parties se suivant, se ressemblant, comme autant de variations sur un même thème. Elle s’ouvre comme un concert bruitiste composé de cris d’enfants. L’un des plus légers d’entre eux est porté par deux danseurs de Shonen, en tenue de ville quoique déchaussés. Un autre marmot exécute pratiquement un pas de deux avec un interprète chevronné, se laisse volontiers manipuler par l’adulte.



Le tout en douceur, sous un éclairage tout aussi caressant que la gestuelle d’ensemble. Par intermittence, des grognements et des onomatopées ponctuent l’action, sans le besoin d’autre béquille musicale ou sonore. Les danseurs se font tuteurs, kinés, soigneurs. Certains enfants s’animent, s’allument, s’emportent. Certains jouent au toboggan sur deux pentes couvertes de tatamis colorés. Au milieu de la représentation ou de la présentation, la lumière change de tonalité, se réchauffe elle aussi. Les danseurs exécutent des gestes plus amples. À deux ou à trois, ils font sautiller certains gamins, les cris deviennent joyeux. Ces exercices ludiques produisent de plus fortes sensations, des effets de vertige comparables à ceux des balançoires ou des attractions foraines. On rajoute des tapis, on les entasse, on modifie l’espace. Un cercle se forme autour d’un lieu redevenu scène de théâtre. La danse des robots est une des dernières séquences de la pièce. Malgré la présence d’adultes aussi nombreux sinon plus que nos protagonistes, jamais on ne pense assister à une séance d’art-thérapie.


La bienveillance est telle que la danse de Parc se fonde sur le tact, pas seulement sur le contact. Ce spectacle se passe parfaitement des notions habituelles que sont la virtuosité, la nouveauté, la productivité. Le calme olympien qui règne se partage le plateau avec la dépense d’énergie des enfants.



> pArc d’Eric Minh Cuong Castaing, les 1er et 2 octobre au Théâtre du Châtelet. Une commande du Théâtre du Châtelet, coproduit avec le Théâtre de la Ville, Paris, et le Lieu Unique, Nantes

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