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On tranche par un vote à main levée ? L’écologie, on en parle ? Qui va à la manif ? Et quid de la poésie dans tout ça ? Dans le brouhaha d’une cohorte de jeunes gens énergiques et dépareillés, toutes paillettes dehors, le spectacle de sortie d’école du Centre National des Arts du Cirque s’ouvre sur une scène tout droit tirée de la vie quotidienne dans un groupe d’étudiant·es à l’aube de la vingtaine. Cette année confié à l’artiste de cirque Sophia Perez, le spectacle de la 35e promotion sortante du CNAC dresse le tableau sans fard d’une jeunesse prise en étau entre les enjeux d’un monde à construire et les chantiers de société à peine entamés sur lesquels on l’a catapultée.


Pour cet exercice délicat – un casting conséquent, des agrès imposés et l’enjeu de faire valoir la singularité de chacun·e –, l’auteure et metteure en scène Sophia Perez a pris le parti d’une forme libre, où les décors, scénographies et accessoires témoignent d’un goût revendiqué pour l’épure. En chaussettes, pieds nus ou perché·e sur des talons plateformes de 10 centimètres, la meute de cette Promo 35 évolue sur la piste dans une organicité débridée, nébuleuse et horizontale. Oubliez les numéros grandioses, les roulements de tambours et les voltigeuses graciles tout en sourire : Parce qu’on a toustes besoin d’un peu d’espoir ne parle pas la langue de bois, et préfère causer du temps présent dans la grammaire de celleux qui s’y déploient.



© Christophe Raynaud de Lage



L’horizon n’est pas rose, ces jeunes le savent bien assez, alors autant s’atteler tout de suite à y aménager des refuges habitables. Montée sur une plateforme suspendue, une acrobate tord le cou à la morosité ambiante ; pimpé·es dans des robes de princesses, deux divas s’offrent une virée aérienne sur cerceaux et trapèze ; soutenue par une estrade humaine, une contorsionniste incarne la rumeur collective qui s’élève. Les numéros s’enchaînent par effusion, éclosion et pas de côté, boudant tout autant l’homogénéité académique que la linéarité de la narration. Multiple, simultanée ou concentrique, la bande évolue comme un courant marin, conflue, se répand sur la piste ou fuit dans les coulisses. Ici, un diabolo virtuose capte le regard, là une jeune acrobate traversée d’un flow hip-hop opère une diversion vers le sommet de son mât chinois, sans que l’un ou l’autre n’exige une attention exclusive. Libre et mouvant, collectif et singulier, Parce qu’on a toustes besoin d’un peu d’espoir célèbre consensus et divergences dans une forme dédiée à la liberté de dire, de protester, de se mouvoir et de choisir où porter son regard.



Parce qu’on a toustes besoin d’un peu d’espoir de Sophia Perez avec la 35e promotion du CNAC

⇢ jusqu’au 18 février à La Villette, Paris

⇢ du 11 au 13 avril au Cirque-Théâtre d’Elbeuf, dans le cadre du festival SPRING

⇢ du 7 au 9 juin au Cirk’Eole, Montigny-lès-Metz, dans le cadre des Soirées d’Éole

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