Un entretien extrait du numéro 126 de Mouvement
Le titre de votre livre pose une ambiguïté développée tout au long du roman. Dans Je suis fan, il y a l’idée d’un enthousiasme dévoué. À vous lire, on comprend que cet exercice d’admiration est, chez votre narratrice, une assignation à rester extérieure à l’objet qu’elle convoite. Être fan, ici, est une condamnation à ne jamais approcher l’objet de son désir.
J’ai commencé à écrire le livre pendant la pandémie. Je vivais chez mes parents. Quand je descendais au salon, je trouvais systématiquement ma mère sur le sofa en train de regarder la télévision. L’idée m’est venue de là. Et puis, il y a quelque chose de désinvolte dans ce titre qui me plaît. « Je suis fan », c’est un commentaire qu’on lance à tout bout de champ, l’équivalent du pouce ou du cœur sur les réseaux sociaux. On oublie souvent qu’il y a le mot « fanatique » en embuscade, un terme beaucoup moins léger.