Nous avons pu nous faire une petite idée de deux projets en cours, Ether, de Carole Vergne et Diptyque de Caroline Grosjean. Le premier, un solo tout en reptations et en poses yogiques alternait danse vivante et projections de paysages abstraits dessinés par la chorégraphe-interprète. Le second, une production plus importante nécessitant une nombreuse distribution, ébauchait un échange voix-geste-musique avec le renfort de l’écrivaine Anne Savelli et du guitariste Rémi Aurine-Belloc.
La divine surprise fut cependant la représentation du premier volet d’une pièce aboutie, Blanc, de Vania Vaneau. Cette récompense est aussi un signe de maturité et d’exigence artistique de ce sympathique rendez-vous chorégraphique. Avec peu de moyens, mais tous astucieusement exploités, le soutien constant du subtil guitariste Simon Dijoud, des vêtements de parade aux couleurs vives déposés en offrande à l’avant-scène tenant lieu de scénographie, un sol en PVC immaculé, comme il se doit, des éclairages bien dosés, la jeune femme est progressivement entrée en transe, en tout cas en danse.
De légères altérations faciales, d’inexpliqués virages expressifs, des tremblotements s’emparant graduellement de tout son être métamorphosent à vue d’œil la danseuse, jusqu’au tournoiement conclusif de chaque séquence chorégraphiée. À cet emballement de convulsionnaire virant révolutionnaire, succède un cérémonial voilant la face et le corps en son intégralité de l’alchimiste qui revêt, l’un puis l’autre, et l’un par-dessus l’autre les éléments textiles étalés au sol.
La danseuse devient alors prêtresse d’un rite inédit. Quoique celui-ci ait à voir avec des pratiques extra-européennes, en Asie comme en Afrique. Et, naturellement, au Brésil, terre ancestrale de Miss Vaneau : on pense notamment au candomblé, une pratique religieuse que nous avait autrefois fait découvrir Pierre « Fatumbi » Verger à Salvador de Bahia, faisant usage de la transe, dont la danseuse conserve les manèges anti-horaires ainsi qu’une forme hiératique.
À l’issue de sa belle et simple performance, la danseuse sort de ses limbes en tissu. Elle mettra du temps, comme les spectateurs, à reprendre son souffle. À reprendre pied sur terre.
La soirée Open space 3. OS3 a eu lieu le 7 janvier au théâtre de l'Etoile du nord, Paris.
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