
Alors que les « études décoloniales » commencent à percer en France (non sans oppositions), Calixto Neto reprend le solo de Luiz de Abreu O Samba do Crioulo Doido, vingt ans après sa création. Une revue aussi efficace que brutale des clichés qui continuent de coller à la peau des corps noirs, admirés pour leurs performances physiques et sexuelles ou ravalés à la sauvagerie.

Au Ballet de l’Opéra du Rhin, Martin Chaix fait un sort aux tutus dans un Giselle qu’il a voulu féministe, où des vampiresses queer cassent du mâle toxique. Jouissive quoique simpliste, cette réécriture a le mérite de revisiter au présent la grammaire de la danse classique.

Dans la tradition afro-brésilienne les « encantados » sont ces êtres dont la présence rend sacrés les milieux naturels. Pour sa dernière création, la chorégraphe Lia Rodrigues et onze danseurs de sa troupe de Maré, une favela de Rio de Janeiro, se glissent dans la peau de ces entités mystiques, joueuses et joyeuses, grâce au pouvoir quasi magique de la musique.

Sous couvert de jeu pour grands enfants, la nouvelle « pièce distinguée » de la chorégraphe espagnole La Ribot mobilise toute la capacité critique de la danse contemporaine. Aux corps ingouvernables, l’avenir reconnaissant.

Avec Les Enfants terribles de Jean Cocteau en toile de fond, Phia Ménard pose une relation frère/sœur toxique et juvénile dans le contexte très actuel d’un établissement pour personnes âgées. Malgré la promesse apparente d’un tableau social ancré dans notre présent, cette abondante création peine à faire co-exister intrigue épique et partition hypnotique.

La fildefériste Marie Molliens avait prévenu : sa mise en scène de sortie du CNAC (Centre National des Arts du Cirque) marquerait un retour aux codes du cirque traditionnel. Avec une clique de Pierrot lunaires coincés dans un dilemme mussolinien entre art festif et réflexion poétique, BALESTRA tient de toute évidence ses promesses.