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Scènes
Laetitia, rongée par l’urgence climatique et ses propres inhibitions, passe à l’acte et se jette dans la lutte. Hubert Colas adapte Partout le feu d’Hélène Laurain, récit frénétique d’une apprentie militante incarnée avec précision par Stéphanie Aflalo. Une avalanche de souvenirs acides dans une mise en scène multimédia au cordeau.
Dix heures, onze formes, cinq langues, un plateau immaculé et un relais vidéo. Il fallait au moins ça pour désenclaver Marguerite Duras du poids de son propre mythe. Sans révérence et à cœur ouvert, Julien Gosselin projette seize comédien·nes du Conservatoire de Paris dans un marathon scénique où s’actualisent une à une les passions violentes de sa littérature.
C’est au Liban qu’elles ont vu la mer pour la première fois et qu’on leur a arraché leur humanité. Les trois interprètes de When I saw the sea, la dernière création d’Ali Chahrour, sont des rescapées de la Kafala, ce système d’esclavage moderne institutionnalisé au Moyen-Orient. Le chorégraphe libanais fait de la scène un espace concret de reconstruction des corps et de libération de la parole.
G7 ou Jet set ? Christophe Marthaler réunit des puissants, anonymes et burlesques, lors d’un Sommet où rien ne va. Dans une ambiance de chalet alpin, les lois de l’absurde chères au metteur en scène suisse-allemand mettent à nu la vacuité et l’isolement des « grands de ce monde ».
Dernière sensation en date sur la scène européenne, Carolina Bianchi étrille la domination masculine dans le second volet de sa trilogie consacrée aux représentations de la violence. Une conférence performée XXL, drôle et très cadrée, dans laquelle la dramaturge affirme son art théâtral : maltraiter la scène pour l’aimer plus encore.
Dans Toutes les villes détruites se ressemblent de Magrit Coulon et Bogdan Kikena, un duo de vrais-faux médiateur·rices explorent le dark side de notre mémoire collective. Une performance insolite et amère, où l’absurde tire l’alarme.
Chez Nathalie Béasse, le décor est roi, et les comédien·nes des régisseur·euses chargé·es de le mettre en scène. Avec Velvet, la plasticienne et metteuse en scène livre une ode au rideau dans une pièce à l’esthétique léchée et l’humour décalé.
Inspirés d’un conte persan, le duo tchèque des Frères Forman imagine une fable intrigante autour de la quête initiatique d’un roi disparu.
Quatre figures fantomatiques errent sur le pont d’un navire négrier bricolé avec des chaises en plastique. Un corps maquillé de noir gît sur un autel. La danseuse et chorégraphe Betty Tchomanga soigne ses images : abstraites, souterraines, de celles qui attrapent les viscères et se glissent sous la peau. Celles-ci sont autant de jalons de sa quête personnelle. Enfant de Charente-Maritime, elle part à dix-huit ans à la recherche de ses racines camerounaises. Ce premier voyage, suivi de nombreux autres, marque le début d’un cycle. Depuis, la chorégraphe – longtemps interprète pour Marlene Monteiro Freitas, Emmanuelle Huynh ou Nina Santes – s’évertue à représenter sur scène l’histoire coloniale qui lie l’Occident à l’Afrique, à travers la figure vaudou de Mami Wata (Mascarades) ou celle du navire-monde (Leçons de Ténèbres). Face à l’époque qui se radicalise, la metteuse en scène abandonne l’ambiguïté des images pour les mots. Avec sa dernière création, une série de portraits intitulée Histoire(s) Décoloniale(s), elle investit les salles de classe, portée par son envie de transmission. Rencontre à Brest, le port industriel dans le dos et l’océan sous les yeux.