
Mettre sa santé physique ou mentale en danger, livrer son couple en pâture, jouer au plus idiot : bien avant la télé-réalité, la société du spectacle avait déjà inventé les marathons de danse, dépeints dans le roman On achève bien les chevaux (1935) de l’Américain Horace McCoy. Après le film culte de Sydney Pollack en 1969, le Ballet de l’Opéra national du Rhin porte l’impitoyable fresque sociale sur scène.

Une profusion de courses, de sauts, de chants, d’orgues et de cloches. Au cœur de l’assourdissant Liberté Cathédrale, première livraison de Boris Charmatz à la tête du Tanztheater Wuppertal, se détache pourtant un tableau, furtivement. Dans le silence, il se fait l’écho lointain des abus sexuels systémiques qui agitent l’église catholique.

Que se passe-t-il quand on se met à crier ? Flora Détraz s’est posé la question dans HURLULA, dérive chorégraphique et sonore sur le cri. Avec son univers délirant qui explose dans toutes les directions, la performeuse déborde, sort des cadres d’une féminité qui cultive la douceur et où le cri est un interdit.

Tombée dans la danse à quatorze ans, Nadia Beugré n’a jamais décroché. À 42 ans, elle assume plus que jamais sa gouaille et son goût entretenu pour le métissage des influences. En une dizaine de créations, la chorégraphe s’est imposée dans le paysage européen sans tourner le dos à la Côte d’Ivoire dont elle est originaire. Alors qu’elle présente Prophétique (on est déjà né.es) et Filles-Pétroles, diptyque sans compromis tendu à la société qui l’a vue naître, le festival d’Automne à Paris consacre un portrait à l’artiste insoumise.