
Avec Le Songe, Gwenaël Morin met en abyme la comédie de Shakespeare à la façon d'un rêve dans un rêve. DIY et économe à souhait, sa mise en scène fait tanguer la barque de la représentation en liant les transports de l'amour à ceux du langage.

Un peu d’électro-acoustique, huit chanteurs live et quelques casques sans fil : voilà de quoi se compose la jungle du signe de Joris Lacoste. Sur une partition de Luciano Berio, son concert immersif A-Ronne creuse la puissance viscérale du dire, loin du sens et tout près du corps.

Aussi chargé symboliquement que vos rêves les plus profonds, ART.13 de Phia Ménard vous laisse avec une question : de quels gestes et histoires avons-nous besoin pour déboulonner le pouvoir en place ?

Flic, officier, formateur en hôtellerie : dès ses premiers textes, Sonia Chiambretto a croqué avec sarcasme des figures d’autorité. Sa poésie politique, ultra-rythmée, est pensée pour être lue avec l’aplomb qu’il faut pour changer le monde. Performés, mis en scène par des chorégraphes ou des dramaturges comme Rachid Ouramdane, ses textes sont habités par les témoignages de celles et ceux qu’elle rencontre. Dans Oasis Love, cinq jeunes de quartiers populaires courent après l’amour et tentent d’échapper à la police. Avec cette nouvelle pièce composite, l’auteure devient metteure en scène.

Le public européen l’a découverte avec le solo Cutless Spring (2019), exploration frontale et sans faux-semblants de sa propre sexualité. Sans rien lâcher de sa gestuelle nerveuse et pantomimique, la chorégraphe et performeuse canadienne Dana Michel quitte pour un temps les boîtes noires et présente MIKE, laboratoire d’attention tout terrain construit à la façon de l’Oulipo. Trois heures durant, l’artiste en pantin mutique déambule entre bobines de rallonge, portants utilitaires et bibelots soigneusement chinés, livrant un hommage pudique aux invisibles de la société de service autant qu’une ode à l’empathie volontaire.